Il est parfois des machines qui sortent du lot et se démarquent des autres par une originalité et une conception innovante. Lecteur de séquences MIDI, audio et karaoké basé sur un disque dur interne et une pléthore d'extensions, le Megabeat One de chez Charlie Lab fait partie de ces appareils.
Le marché de la séquence MIDI s'est développé au fil des ans. D'abord sur des disquettes contenant des fichiers de morceaux sous différents formats, l'apparition du standard MIDI, puis du General MIDI et enfin la multiplicité des plates-formes (PC, Mac et séquenceurs hard) ont permis la création de nombreux catalogues de séquences et une facilité d'échange entre les machines et les musiciens. Ces derniers temps, grâce aux récents médias comme le CD-Rom ou Internet, il est possible d'accéder à de vastes bibliothèques de séquences MIDI pour un coût modeste. Toutefois, un nouveau problème se pose : le stockage de ces données.
Pour les possesseurs d'ordinateurs, la réponse se résume habituellement en un dossier sur le disque dur contenant les séquences. Généralement, la taille d'une séquence oscille entre 20 et 50 Ko, mais il n'est pas rare d'en rencontrer quelques unes entre 100 et 200 Ko. Si le stockage et la lecture s'avèrent faciles pour l'utilisateur d'un tel système, il n'en est rien pour celui qui utilise une machine ne possédant qu'un lecteur de disquettes, comme la plupart des synthés arrangeurs du marché ou lecteurs de MIDI Files. Dans ce cas, le maniement de la disquette devient vite rébarbatif, notamment lors d'une utilisation scénique. Cependant, Charlie Lab apporte une solution fiable, pratique et innovante avec le Megabeat One, lecteur de MIDI Files axé autour d'une architecture sur disque dur et de nombreuses extensions dédiées spécifiquement aux séquences.
La boîte noire
En fait, pas si noire que ça, mais plutôt gris anthracite. Bien que surprenant au départ, on se familiarise vite avec le design de cette machine, dont la cavité à son sommet se révèle très pratique pour y loger disquettes, stylos et autres ustensiles indispensables à tous musiciens (évitez quand même les canettes de bière). Sur le pan incliné du panneau avant, on trouve un large écran LCD avec en dessous cinq touches de fonction permettant d'accéder aux différents menus indiqués à l'écran, quatre touches de curseur, quatre touches de contrôle (Play, Stop, Utility et Exit) et une molette. Plus bas encore, le lecteur de disquettes, une prise casque, un bouton de réglage de volume et un autre pour le contraste de l'écran, et enfin une prise pour l'interface numérique de la même marque. Bref, la simplicité est de rigueur sur ce joueur de séquences qui se veut convivial et surtout rapide à prendre en main.
A la mise sous tension, le Charlie Lab effectue une série de contrôles sur le disque dur et sur la RAM qui contient le système d'exploitation (1.41G sur la machine qui a servi au banc d'essai et 1.5 dans le commerce). La mise à jour du système est facile : il suffit simplement d'insérer une disquette contenant une version plus récente et l'appareil la détectera lors de la mise sous tension, puis l'incorporera dans sa Flash EPROM. Une option encore rare qu'on aimerait trouver sur plus de machines actuelles.
Play…
Le Megabeat One est livré d'origine avec plus d'une cinquantaine de séquences MIDI, ce qui permet aux plus démunis de commencer une collection ou bien de la compléter. Les titres des morceaux apparaissent à l'écran, classés par ordre alphabétique. Il s'agit là du mode Single, c'est-à-dire le mode d'exécution d'une chanson. En effet, en sélectionnant un morceau, ce qui aura pour effet de lui accoler un numéro à l'écran, et en appuyant sur la touche Play, celui-ci sera lu directement par l'appareil. La reproduction sonore du morceau s'effectuera soit par la carte son de l'appareil (en option), soit par un expandeur externe relié via MIDI. Plusieurs morceaux peuvent ainsi être sélectionnés dans un ordre déterminé. Il sera alors possible de créer des listes, appelées groupes, enchaînant différents fichiers, et ce jusqu'à un maximum de 48 morceaux par groupe, un Megabeat One pouvant contenir 1 000 groupes.
La capacité du disque dur permet de stocker l'équivalent de 600 disquettes de 720 Ko, soit environ 5 000 morceaux, ce qui est considérable. Le transfert entre les disquettes et le disque dur s'opère facilement, mais attention, celles-ci doivent impérativement être formatées MS-DOS. Vous pourrez alors constituer une vaste bibliothèque, avec vos propres coins positions et/ou celles des autres, à l'intérieur de laquelle un classement convivial et commode pourra s'effectuer. Pour étayer ces dires, j'ai chargé quelques soixante séquences au format 0 et 1, puisque le Megabeat One les reconnaît indifféremment, et je les ai fait jouer par un Sound Canvas. Le résultat est là : un classement enfantin, une sélection rapide et un prompt accès entre les morceaux, d'autant que j'avais validé l'option Quick Start, accélérant la lecture des premières mesures d'une séquence pour ne lire que les informations de changement de programme, d'effets, etc., et reprendre une vitesse normale dès la rencontre du premier message de note.
On imagine aisément l'utilisation d'un tel appareil pour du piano-bar ou du karaoké, puisque le Charlie Lab inclut une fonction spécialement dédiée à ce dernier grâce à la visualisation sur l'écran des paroles, parfaitement synchronisées avec la ligne mélodique du morceau.
... and Plug
Il est également possible d'ajouter une extension au Megabeat One (carte Karaoké) pour visionner sur un écran TV le défilement des paroles. Cette particularité contribue au charme de cette machine qui s'avère dotée d'un potentiel formidable avec l'adjonction des différentes options qui sont proposées. Jugez plutôt : une connexion pour y raccorder le contrôleur MIDI Digitar et ainsi piloter le générateur de sons interne ou communiquer avec d'autres appareils externes, un kit permettant de se raccorder à un ordinateur compatible PC pour y effectuer des transferts de données, une carte karaoké.
La carte audio permettra d'enregistrer en deux pistes à partir d'une source analogique sur le disque dur et la synchronisation avec un fichier MIDI. De même, il est possible de raccorder par l'interface IDE du Megabeat One, un CD-Rom ou un autre disque dur. Enfin, il faut remarquer la compatibilité avec le standard SoundBlaster, le plus implanté dans le monde PC.
La boîte à musique
Pour les professionnels de la scène ou du piano bar, l'appareil existe aussi en version rack, pour un prix légèrement supérieur, mais avec un panneau de contrôle amovible ! Charlie Lab a décidément le sens du petit détail qui simplifie le travail. Pour un prix de 1 675 € ou 1 979 € (avec la carte son), le Megabeat One s'adresse à une clientèle bien ciblée d'utilisateurs professionnels de séquences, mais pourra aisément séduire les autres, désireux de posséder un séquenceur MIDI/audio aux multiples fonctionnalités.
Test réalisé en juillet 1996 par Ludovic Gombert (Keyboards magazine n°101)