En attendant l'écran tactile et autres potentiomètres issus de la réalité virtuelle d'Alain Bourrisson, force nous est de constater que la manipulation de données MIDI n'a pas encore atteint son niveau d'ergonomie maximum. Le remède ? Une boite à faders comme la MM-16 Kawai...
La MM-16, dont l'alimentation est séparée, regroupe dix-sept potentiomètres, un pavé numérique, de même qu'une dizaine de touches de fonction. Sa face arrière cache deux fois trois prises MIDI (In 1/Out 1/Thru 1 - In 2/0ut 2/Thru 2).
En l'absence de traitement, les signaux réceptionnés aux prise MIDI-In 1 et MIDI-In 2 sont mélangés, pour ressortir simultanément aux prises MIDI-Out 1 et MIDI-Out 2. Nous voici donc en présence d'un MIDI merger (les messages real time reçus à la borne MIDI In 2 étant ignorés), et d'une MIDI Thru Box.
De plus, la MM-16 transmet l'active sensing, utilise le running status, et possède une touche Panic (all notes off, reset ali controllers).
Chassé croisé
Le menu Separate est destiné à trier la somme des messages en provenance des deux entrées MIDI selon l'un des cinq critères disponibles (channel, odd/even, key split, velocity split, real time), pour en acheminer une partie à la sortie 1, et l'autre à la sortie 2. En mode Channel (agissant sur les messages du même nom), la sortie est programmable pour chacun des seize canaux MIDI (1, 2, 1 + 2, Off).
Les trois modes suivants affectent exclusivement les messages de note, ceci d'après un point de split (key split), une valeur de vélocité (velocity split), ou les numéros de note pairs/impairs (odd/even).
À partir de là, il suffira de décider indépendamment pour chaque canal si la première partie de ces messages se dirigera vers la prise Out 1, et la seconde vers la prise Out 2 (ou réciproquement), si tous se rendront vers les deux prises à la fois (pas de séparation), ou si aucun d'entre eux ne traversera la MM-16 (si ce n'est bien évidemment par les prises MIDI-Thru, qui retransmettent chacune les messages reçus
à l'entrée correspondante).
Grâce à ces trois derniers modes, à défaut de fonction spillover sur vos expandeurs, pourquoi ne pas en raccorder deux (modèles et sons identiques) aux prises Out 1 et Out 2 de la MM-16, afin de les considérer comme une seule et même machine, d'une polyphonie supérieure (doublée dans le meilleur des
cas, à condition que le nombre de notes soit équitablement réparti entre les deux sorties).
Quand au mode Real Time, il véhicule les messages canaux et exclusifs vers la sortie 1, et les autres (common, real time) vers la sortie 2.
Traitement de choc
Nous enchaînons avec les six utilisations en temps réel des seize faders. En mode Volume, chacun d'entre eux est associé au volume d'un canal, la valeur maximum de sa course étant égale à celle déterminée par la position du dix-septième potentiomètre (jouant le rôle de volume global quelque soit le mode d'utilisation des faders, en transmettant les messages sur les seize canaux).
En mode de vélocité relative, chaque fader ajoute ou retranche une valeur (-64/+63) aux vélocités d'enfoncement d'un canal, forcées à la valeur du potentiomètre en mode de vélocité absolue.
Dans les deux modes suivants, les seize faders travaillent sur un seul et même canal. Après en avoir réglé le numéro, le mode Key Balance vous permettra d'infliger un offset de vélocité aux messages de note, mais cette fois-ci en fonction d'un mapping (les seize potentiomètres contrôlant respectivement les tessitures suivantes : C-2/B-1, CO/FO, F#O/BO, C1/F1, F#1/B1, C2/F2, F#2/B2, C3/F3, F#3/B3, C4/F4, F#4/B4, C5/F5, F#5/B5, C6/F6, F#6/B6, C7/F7).
Une sorte de compresseur/expanseur par groupes de notes ! En mode Channel Control, les potentiomètres émettent les messages suivants : pitch bend, volume, modulation, breath control, foot control, portamente time, balance, pan, expression, sustain, channel aftertouch, program change, pitch bend sensitivity, fine tuning, coarse tuning, reserved (RPN 3, encore inutilisé par la norme MIDI).
À sa mise sous tension, la MM-16 reconnaît la position des faders, et affiche les valeurs en conséquence sur l'écran LCD.
En exclusivité
Le sixième mode en temps réel concerne la programmation des messages SysEx. Seize mémoires sont à votre disposition, dont quatre en RAM et douze en ROM (réservées aux K1, K4 et XD-5).
Chaque fader contrôle alors l'émission d'une chaîne de seize octets maximum (sans compter les statuts, FOH/F7H, envoyés automatiquement), dont on déterminera la variable (égale à la valeur de la position du fader).
Un genre de PG Roland adaptable à tous vos instruments, à condition qu'ils n'emploient pas de checksum. Finissons-en avec les 64 mémoires de setup (dans lesquelles il est possible d'interdire aux faders d'émettre des messagès de volume), qui comportent une valeur de volume, un numéro de program change, et une fonction de réaffectation (rechannelize), le tout pour chaque canal.
En sélectionnant l'une de ces mémoires (répondant aux program changes avec table de réaffectation, sur un canal MIDI à définir), les valeurs de volume sont envoyés (de même qu'en mode Volume par l'appui sur la touche Send Fader Position), ainsi que les program changes sur les canaux de votre choix.
Enfin, la MM-16 émet et reçoit des messages de dump, au nombre de trois : les 4 mémoires exclusives, les 64 mémoires setup, et les réglages système.
Concrètement, pour acquérir ce processeur, merger, splitter, MIDI Thru Box, contrôleur en temps réel, il vous faudra débourser 600 € TTC (prix généralement constaté au 1/6/91. Un investissement judicieux !
Test réalisé par Christian Braut en juin 1991 (Keyboards Magazine n°45)