Le SBX-1000, dénommé « MIDI Cueing Box », est destiné à synchroniser l'émission de divers évènements ainsi que le défilement d'un séquenceur, interne ou externe, à un code SMPTE. Le genre d'appareil à remettre les pendules à l'heure…
Certains d’entre vous se souviennent sans doute des débuts héroïques de la synchronisation séquenceur/magnétophone, et du fameux SBX-80 Roland, l'un des premiers convertisseurs financièrement abordables. Fort de ce succès, rien d'étonnant à ce que Roland, quelques années plus tard, planche de nouveau sur le sujet. Très nettement amélioré par rapport à son aîné, le SBX-1000 s'oriente essentiellement vers la post-production et la « rénovation » de vieilles bandes multipistes. Le prix public à payer ? 2 510 € TTC, généralement constaté au 1/12/91.
De prime abord
La première opération consiste théoriquement à enregistrer un code sur un ou plusieurs magnétophones/magnétoscopes, à l'un des quatre formats habituels (24, 25/EBU, 30 drop frame ou 30 non drop frame). Ce code est acheminé parallèlement aux deux prises SMPTE Out, qui, lorsque le SBX-1000 est esclave, retransmettent le code reçu (dont le format est automatiquement reconnu). A propos de connecteurs, la face arrière comporte également deux ports MIDI indépendants A et B (1 X MIDI-In / 2 X MIDI-Out chacun, soft thru, transmission optionnelle de l'active sensing), quatre sorties GPI, une entrée trigger ainsi qu'une sortie métronome qui double le clic délivré par le haut-parleur interne. Abandonnons là ces préliminaires pour examiner l'une après l'autre les trois sections du SBX-1000 : « cue sheet », « tempo controller » et « sequencer »·
Cue sheet
La page cue sheet, qui s'affiche sur l'écran LCD 64 X 240 points à la mise sous tension, permet de programmer une liste d'évènements en leur affectant une heure SMPTE de déclenchement, avec une précision au quart d'image près (résolution de 10 ms à 25 images/seconde). Les types d'évènements sont au nombre de douze : note-on/durée, aftertouch par canal, aftertouch polyphonique, program change, control change, pitch-bend, tune request, SysEx (calcul automatique du checksum pour les produits Roland), démarrage d'un séquenceur, arrêt d'un séquenceur, GPI, et commentaire (en plus du nom que l'on attribuera éventuellement à chaque évènement).
Les évènements GPI (pour General Purpose Interface), dont on sélectionnera la sortie parmi les quatre disponibles, émettent des impulsions en vue de commander la lecture et l'arrêt de magnétoscopes, de platines CD, etc. Quant aux évènements MIDI, ils se dirigeront au choix vers le port A ou vers le port B.
La dernière séquence
Le démarrage et l'arrêt d'un séquenceur provoquent respectivement l'envoi des messages MIDI start/song select et MIDI stop, soit à destination du port A ou du port B, soit à destination du séquenceur interne. Lorsque le démarrage est en mode ORG (original), le séquenceur contrôlé bascule en lecture à son propre tempo depuis le début du morceau. Dans le cas contraire, en mode programme, c'est à l'une des 32 cartes de tempo (dont nous étudierons le fonctionnement ci-après) qu'incombe la tâche de l'asservir en lui transmettant des messages d'horloge et de song position pointer.
En résumé, chaque évènement d'une cue sheet est émis à l'heure SMPTE à laquelle il est associé (avec offset global programmable), que le code soit reçu d'une unité externe ou qu'il soit généré en interne par le SBX-1000. Dans ce dernier cas, son défilement est assuré par des commandes de transport (start, stop, rewind, fast/forward), que viennent compléter un retour à zéro, six locators programmables (à la volée ou numériquement), plus un locator « end » dont l'heure est égale à celle du dernier événement de la liste.
Sur la touche
Concrètement, pour élaborer une cue sheet, c'est-à-dire programmer l'heure, le type et les valeurs de chaque évènement, il n'existe pas moins de quatre méthodes que rien n'interdit de mélanger : l'une en pas à pas, les trois autres en temps réel. En pas à pas, afin de limiter les manipulations redondantes, les événements les plus fréquemment sollicités pourront être stockés en tant que modèles dans une page réservée à cet effet : l'event list. Par exemple, plutôt que de taper sans cesse le numéro de note, la vélocité, le canal et le port de sortie d'un même bruitage, on commencera par le saisir dans cette liste, pour aller le chercher chaque fois que l'on désirera l'insérer dans la cue sheet.
En temps réel, en mode replace ou overdub, les évènements sont enregistrés simultanément au défilement du code (interne ou externe), grâce à la touche tap du SBX-1000, au trigger audio ou à un clavier MIDI. La méthode MIDI se passe de commentaires, puisqu'il suffit d'enregistrer exactement comme sur un séquenceur, en filtrant si nécessaire telle ou telle catégorie de messages (aftertouch, pitch-bend…).
Avec les deux autres méthodes, on remplira tout d'abord une ou plusieurs des neuf cases de l'écran tap/trigger, en piochant les évènements appropriés dans l'event list. Après quoi, en pressant la touche tap ou en envoyant un signal audio à l'entrée trigger, l'un de ces neufs évènements (celui sur lequel est positionné le curseur, qu'il est possible de déplacer en cours d'enregistrement), s'insérera dans la cue sheet. Pour en terminer avec cette cue sheet, outre les fonctions d'édition (modification d'un évènement, d'un bloc d'évènements : cut/copy/paste), signalons qu'il est possible d'enregistrer 16 versions différentes, ou révisions, que l'on pourra copier, échanger et mixer à loisir.
A la bonne heure
Nous en arrivons à la section tempo, et avec elle à la conversion du code SMPTE interne ou externe en messages MIDI (horloges + song position pointer). Le but de la manœuvre est de synchroniser un séquenceur (celui du SBX-1000, ou n'importe quel autre, raccordé à l'un des deux ports MIDI), après avoir décidé d'une heure et d'un point de départ (mesure/temps dans la mesure).
En mode manuel, le tempo est modifiable dynamiquement en cours de jeu, par l'intermédiaire de l'alpha dial ou du pavé numérique. En mode original, seul un message de start est envoyé, ce qui signifie que le séquenceur défile à son propre tempo. Le mode programme, troisième et dernier mode, est de loin le plus intéressant. Il permet de créer une carte de tempo (la mémoire du SBX-1000 en renferme 32), à l'aide des méthodes suivantes : programmation en pas à pas (saisie des changements de tempo à chaque temps, des changements de mesure : 1-16/2, 4, 8, 16), importation de la piste de tempo des fichiers Roland (MV-30, W-30, séries Super-MRC, MRC, SYS), des MIDIfiles (lecture directe des disquettes Atari, PC, NEC PC-9801), conversion en tempo d'une horloge MIDI émise par un séquenceur externe, des impulsions trigger, ou des pressions sur la touche tap.
En édition, notons la présence de trois fonctions originales : smooth (passage progressif d'un tempo à un autre entre deux positions), shift (décalage du code SMPTE de départ de la séquence de manière à ce qu'une quelconque position, exprimée en mesure/temps dans la mesure, coïncide avec une heure à définir), et correct (modification du tempo en pourcentage, mais aussi automatiquement de manière à ce qu’un morceau dure un certain temps).
En piste
Que dire du séquenceur, dernier des trois modules du SBX-1000, sinon qu’il est sensiblement équivalent à celui du MV-30, et qu’un petit détour par le KB 42 vous rafraîchira les idées. D’une résolution de 96 à la noire, il est compatible avec les formats MV-30, W-30, Super-MRC, MIDIfiles (importation/exportation), MRC et SYS (importation).
La mémoire du SBX-1000 contient jusqu'à 20 morceaux de 16 pistes (en mode linéaire ou en mode pattern), plus une piste de tempo. Un séquenceur de 110.000 notes/9.998 mesures, une cue sheet de 30.000 évènements maximum (999 dans l'event list), 32 cartes de tempo pour 20 000 changements, ce sont les capacités de la RAM d'un Mo du SBX-1000. Le lecteur de disquette (double et haute densité sont acceptées), permettra de sauvegarder tout ce petit monde, et servira par ailleurs à charger le système d'exploitation, ce qui en simplifiera la mise à jour.
Par la pratique
En conclusion, il est évident que la principale application du SBX-1000 concerne la post-production, la cue sheet autorisant le calage des sons à l'image avec une grande facilité (bruitages, séquences…). Pour un studio audio, en-dehors de la synchronisation SMPTE/MIDI et du séquenceur intégré, le trigger est particulièrement adapté au rajeunissement d'anciennes bandes. Ainsi, à condition qu'elles soient « time codées » (pour piloter le SBX-1000), le fait d'envoyer un instrument rythmique comme une grosse caisse ou un charley vers l'entrée trigger créera une carte de tempo capable de synchroniser un séquenceur avec le morceau. De même, toujours grâce au trigger, une piste contenant un élément de batterie, pourra être transformée en une cue sheet, dans le but de remplacer cet élément par un nouveau son issu d’un générateur MIDI.
Bref, il s’agit là d’un produit aux fonctions beaucoup plus évoluées que celles d’un banal convertisseur SMPTE/MIDI. A vous de juger de leur utilité vis-à-vis de vos activités.
Test réalisé par Christian Braut en décembre 1991 (Keyboards Magazine n°50)