La nouvelle génération de Sound Canvas essaie de s’intégrer avec aisance dans l’informatique musicale. Mais la nouvelle boîte et le port USB sont-ils juste une façade servant à abriter un synthé traditionnel ? Voyons cela…
Chaque fois qu'un nouveau support de création apparaît, c'est la révolution. Les designers comme les « têtes pensantes » (!) du marketing examinent les systèmes qui surgissent et décident en fonction de ce qu’ils croient être le souhait du grand public. Assez souvent, le résultat s’avère totalement erroné.
Prenez, par exemple, l’émergence (à défaut d’un terme plus approprié) de l’informatique dite musicale. Les packages de logiciels basés sur cette tendance n’avaient pas plutôt commencé à apparaître que des modules de « musique de bureau » les ont suivis sur le marché. C’était généralement des lecteurs de sons GM (au niveau le plus basique) dans une boîte sans boutons avec juste deux ports MIDI (In et Out).
Cela voulait-il réellement signifier que vous aviez un périphérique externe avec des sons venant d’un fabricant précis - pas mauvais si vous n’aviez pas un PC, mais pas terrible à côté d'une carte son correctement intégrée ?
Pas vraiment…
Les choses s'améliorèrent lorsque Roland sortit la fameuse série des Sound Canvas. Ces appareils ont commencé à comporter de vrais connecteurs d'interface ordinateur (prise To Host), des effets intégrés, un affichage convenable, des contrôles appropriés et un logiciel pour éditer les sons.
A cette époque, il se passait rarement trois mois sans que Roland n'arrive avec une nouvelle itération de la formule du SC-xxx, aussi la compagnie a désormais installé une division dédiée à l'Europe pour les produits multimédias (avec les créations de Canvas Audio et Video Canvas). Ceci montre sa spécialisation dans l'apport des possibilités de synthèse de qualité dans les attributions d'un travail sur ordinateur ; un point accentué avec le Sound Canvas SC-8850.
Nouveau style
Le design de la boîte allongée, noire/grise avec boutons sur le côté droit de la série Sound Canvas, a été évincé en faveur d'une nouvelle apparence, que l'on peut qualifier de meilleur goût. Situés sur le tableau de bord argent satiné, se trouvent les boutons habituels : Part, touches Enter et Exit, boutons Solo et Mute, commutateurs Inc/Dec (Incrément/Décrément), boutons de Volume, touches d'Edition et d'alimentation.
Deux nouveaux contrôles ont également été ajoutés. D'abord, un potentiomètre rotatif évite de laisser le doigt sans arrêt sur une touche pour naviguer dans les sons et paramètres de modification. Appuyez sur le bouton en tournant et les valeurs défilent par paliers de dix, rendant l'ajustement des réglages plus rapide.
L'autre ajout important se trouve sous l'écran qui est complètement remanié, avec quelques cinq touches de fonction. La touche de droite permet d'alterner entre les quatre réglages sonores intégrés (SC-8850 par défaut, SC-88 Pro, SC-88 ou SC-55), ce qui signifie que les possesseurs d'un ancien Sound Canvas peuvent instantanément jouer d'anciens morceaux sans perdre les données.
Une autre bonne nouvelle est que vous ne perdez pas tous les réglages réalisés dans une banque lorsque vous commutez sur une autre. Plutôt pratique étant donné que Roland a étendu sa propre norme (le GS) en parallèle du General MIDI (et a même adopté le nouveau standard General MIDI 2), ce qui signifie que de multiples variations des sons standards sont disponibles en appuyant tout simplement sur le bouton VAR. Ceci active la sélection à partir de la carte Instrument et vous permet de défiler dans les variations d’un patch pour trouver exactement le son que vous souhaitez, accordant ainsi aux sons de prendre plus d’ampleur par rapport au GM rigide.
Les sons synthétiques et les basses ont la puissance habituelle de chez Roland. Certains des sons acoustiques surprennent par leur réalisme (bien qu'il faille encore nous convaincre par des sons de cuivre de synthétiseur), tandis que les sons d'orchestre et les pads sont fantastiques. Il existe 1640 sons en presets et un énorme kit de 63 percussions rempli d'échantillons de puissants « beats », dont tous les kits TR-606, 707, 808 et 909. Fameux…
Les deux dernières variations dans chaque programme apparaissent avec le même nom comme le ton « Principal » et, en fait, sonnent identiques. Cependant, allez en mode Edit et vous pouvez les modifier et les stocker comme des patches entièrement nouveaux, rendant ainsi le SC-8850 plus proche des attributions d'un véritable expandeur. Un coup d'œil aux emplacements des 63 percussions et vous découvrirez qu'il existe également deux emplacements utilisateur.
Fils du General MIDI Au moins, le GM a vu une mise à jour ! |
La face avant du SC-8850 arbore un logo General MIDI 2 à côté des symboles GS et USB. Ceci ne signifie pas qu'il est incompatible avec des séquences GM plus anciennes ou même les rende obsolètes. En réalité, il incorpore de nombreuses extensions innovatrices du Roland GS (et plus tard XG de Yamaha) et les standardise à travers différentes unités de fabricants. Les extensions GM2 se partagent en trois zones principales. D'abord, il existe 256 patches prédéfinis plutôt que 128, le second réglage étant des variations du premier appelées par des messages de sélection de banque (comme sur les GS et XG). Ensuite, de nouveaux contrôleurs ont été standardisés, rendant des effets spéciaux de séquence plus faciles à transférer entre appareils. Enfin, la troisième extension principale couvre une définition plus large des types d'effets, autres que les traditionnelles réverbes et chorus. Beaucoup de ces points ont déjà été utilisés dans de nombreux appareils GM (par exemple, il n'y avait jamais un effet de retard défini dans la spécification originale GM), mais ils sont maintenant standardisés : la plupart des unités des fabricants ne produiront plus de résultats imprévisibles, mais sonneront de manière cohérente entre elles. |
De bien belles images…
Bien que l'écran soit de proportions identiques à celles des anciennes unités Sound Canvas, l'affichage actuel a été amélioré et rendu plus clair. La page principale est encore prise par les habituels et fidèles compteurs d'activité 16 canaux GM et une jolie icône pour l'instrument sélectionné, mais passez dans l'une des pages d'édition et vous trouverez que la navigation s'est grandement améliorée. D'abord, les quatre boutons, juste sous ce nouvel écran, sont des touches de fonctions permettant de passer aux sous-pages dans les menus Utility, Effect et Edit, par simple pression sur la touche de fonction au-dessous de l’indication à l’écran. Plutôt que de passer pas à pas dans plus de sous-pages que vous n’avez jamais eues avant, les fonctions sont listées une seule fois. Résultat, vous la faites simplement défiler avec (surprise, surprise…) des touches curseur tout en utilisant la molette pour modifier les valeurs appropriées.
Sur l’écran principal d’exécution, les quatre touches de fonction sont marquées PART-A, PART-B, PART-C et PART-D.
Ces noms ne recouvrent pas seulement de nouveaux réglages de sons ou même simplement quatre réglages de banque « réintitulés » ; il s'agit bien de banques totalement indépendantes des canaux MIDI. Connectez-vous sur les deux ports MIDI In et vous accédez à deux banques de 16 canaux MIDI dans les sections PART-A et PART-B, comme sur les unités Sound Canvas précédentes, mais avec 32 canaux supplémentaires auxquels vous accéderez en connectant le SC-8850 sur votre Mac ou PC via le port USB.
Branchez le câble, installez le driver et lancez votre séquenceur. Maintenant, quand vous sélectionnez la connexion de l'interface MIDI dans votre logiciel, vous pouvez choisir n'importe laquelle des quatre banques du SC-8850, ce qui vous donne un total de 64 parties. Bien mieux, vous pouvez aussi utiliser le SC-8850 comme une interface MIDI 32 canaux simultanés, permettant aux utilisateurs USB de jouer avec un total de 96 canaux.
Du côté de l’audio
Une autre caractéristique qui place le SC-8850 au-dessus de l'habituelle tranche de « l'expandeur de bureau » est celle des connecteurs audio multiples. Un connecteur d'entrée stéréo vous permet de mixer des sons avec le path audio du SC pour un simple enregistrement sans table de mixage, tandis que l'on trouve deux sorties stéréo indépendantes pour ceux qui veulent absolument utiliser les canaux via un équipement externe (tels qu'une table de mixage, magnétophone multipiste ou processeur audio).
En conclusion
Cette attention aux besoins d'une grande fourchette de musiciens, avec la myriade d'options MIDI disponibles, signifie que le SC-8850 comble en toute confiance la place entre un expandeur haut de gamme et un module bureau pour ordinateur.
Le prix n'est pas vraiment bon marché et peut faire hésiter ceux qui ont besoin seulement d'un outil pour écouter des séquences, mais regardez un peu les caractéristiques qu'il cumule et vous vous rendrez compte qu'il est loin d'être un gadget par rapport à d'autres appareils dans la même gamme de tarifs.
Le point de vue final est positif ou négatif suivant votre ordinateur. L'introduction d'une connexion USB rend non seulement le fonctionnement du SC-8850 aussi simple que tout autre appareil connecté à votre machine, mais elle fournit aussi les capacités MIDI de deux anciens Sound Canvas, plus une interface MIDI 32 canaux. Cependant, si votre vieille bécane (Mac ou PC) n'accepte pas l’USB, vous aurez seulement 32 canaux, ce qui rend le supplément de coût pour quelques sons de plus et une polyphonie de 128 notes un petit peu plus élevé.
Considérez toutefois ceci : n'est- il pas temps d'être prêt à apporter une amélioration conséquente pour la profusion d'équipement musical USB qui suivront probablement dans le sillage du SC-8850…… L’USB a été présenté comme l'avenir de la connexion depuis longtemps, et cela semble finalement devenir une réalité. Enfin, ajoutons qu'avec l'implication de Roland, cette réalité semble soudain du plus grand intérêt…
Les Plus
- Sons excellents et extensibles
- 96 canaux avec l’USB
- Interface intuitive
Les Moins
- Certaines fonctions peu intuitives
- Nombreuses possibilités réduites sur des machines non USB
Test réalisé en octobre 1999 par Ludovic Gombert (Computer Music n°4)