C-LAB POLYFRAME

Verdict Technique

Ergonomie : 83% - 1 Votes
Fiabilité: 89% - 1 Votes

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Après les éditeurs bibliothécaires dédiés, réservés à un seul et unique synthétiseur, et les éditeurs bibliothécaires universels, capables de tous les prendre en charge, Polyframe inaugure l'ère des éditeurs bibliothécaires universels dédiés...

L'éditeur bibliothécaire dédié et l'éditeur bibliothécaire universel sont aux synthétiseurs ce que le sur mesure et le prêt à porter sont à la confection. Le premier présente l'avantage d'être spécialement conçu pour la machine à laquelle il s'adresse et s'y adapte donc parfaitement, tandis que le second généralise, ce qui le contraint à traiter tous les instruments de manière similaire sans discernement aucun, c'est à dire sans se soucier de leur personnalité.

Plus efficace, la solution dédiée demeure toutefois relativement onéreuse pour qui possède de nombreux synthétiseurs, et consomme une importante capacité mémoire. Deux éditeurs, ça va, trois, bonjour les mégas ! D'où la raison d'être d'une solution universelle (GenEdit, X-or, Sound Ouest...), censée gérer autant d'instrument que nécessaire pour un coût raisonnable sans saturer la RAM.

Revers de la médaille : une efficacité moindre. Fort de ces constatations, C-Lab a cumulé le meilleur de ces deux formules dans un seul et unique programme pour Atari ST : Polyframe.

Le package

Compatible avec l'environnement C-Lab (Softlink, Unitor-C, Unitor-N, Combiner... ), Polyframe se présente sous forme d'un programme moule auquel il convient d'adjoindre autant de modules que d'instruments à prendre en compte. D'une puissance équivalente à celle des éditeurs bibliothécaires dédiés (puisque développés sur mesure), ces modules sont d'une taille pour le moins raisonnable.

D'après le manuel, douze d'entre eux minimum cohabitent dans quatre mégas : une surpopulation sans précédent ! En prime, les aficionados de l'hexadécimal et des nibbles se consoleront avec le module universel, réservé à la création d'objets MIDI. Question tarifs (généralement constatés au 1/9/91 ), Polyframe revient à 380 € TTC. Pour cette modique somme et sans supplément aucun, vous emportez au choix le module SY/TG77 ou le module universel.

Le prix à payer pour les autres modules (6 opérateurs Yamaha, Korg série T, série M, WS, Ensoniq VFX, Roland série U, E-mu Proteus, Oberheim série Matrix) est de 75 € TTC pièce (90 € TTC pour le SY/TG77 seul). A vos calculettes...

Mise en route

L'extrême compétence hautement technologique qui caractérise les rédacteurs de KB les autorise à sauter avec bravoure la section d'initiation des manuels utilisateur, intitulée ici « about the computer », et qui explique qu'il est déconseillé de mettre sa disquette sous la pluie, que la souris est une petite boîte en plastique reliée à l’Atari par la queue, et bien d'autres choses encore.

Nous passons donc hardiment à la section suivante, l'installation, première opération à effectuer après le lancement du programme. A ce propos, sachez qu'un module ne peut être installé qu'une seule fois (grâce à une habile protection basée sur le numéro de série de Polyframe), ceci afin d'éviter d'illicites échanges sous le manteau.

Sans oublier la fameuse clé (l'inévitable circuit PAL), qui, astucieusement, est prévue pour recevoir à son tour celle de Creator/ Notator. Un système d'imbrication qui vous fera réaliser l’économie d'un boîtier multi-clés !

Du tirage des icônes

L'aspect de l'écran de départ ressemble à s'y méprendre à celui du bureau du ST. Les différents types d'icônes sont au nombre de quatre : disque, poubelle, instruments (devices) et librairies. A ce niveau, diverses manipulations (sauvegarde, chargement, suppressions, copies...), font appel à la fameuse technique « souristique » consistant à tirer les icônes les unes sur les autres.

Pour chaque module installé, le programme est capable d'inspecter le réseau MIDI (scan) pour créer automatiquement les icônes d'instruments correspondant aux synthétiseurs détectés. Qui plus est, comme son nom l'indique, l'option « auto request et startup » se charge au démarrage d'aller chercher le contenu de la mémoire d'un instrument. Tout ceci à condition que chaque appareil soit connecté en mode handshake avec l’Atari. Un double clic sur l'icône instrument ou librairie ouvre la fenêtre en question. Nous attaquons par celle de l'instrument.

C Lab Polyframe

Gestion

La fenêtre principale d'un instrument (memory manager) reflète la structure de sa mémoire. Avec le module présentement testé, celui des SY/TG77, cette fenêtre comporte les catégories suivantes : voice, multi, micro tuning, pan, synth setup et séquenceur setup (version SY uniquement).

C'est ici que s'organisent ces différentes catégories, par l'intermédiaire d'échanges, de copies et suppressions portant sur un ou plusieurs éléments (contigus ou non) préalablement sélectionnés à la souris. Outre cette méthode de sélection, commune à l'ensemble des modules, d'autres sont spécifiques à l'instrument. En l'occurence, avec les SY/TG77, il est possible de sélectionner les voices utilisées par tous les multis ou par un multi en particulier, ainsi que les panoramiques ou gammes microtonales utilisés par toutes les voices ou par une voice en particulier.

...et édition

Chaque catégorie possède son propre éditeur, composé d'une page principale (overview) et d'une page détaillée. Avec la catégorie des voices, sa taille est bien trop importante pour être contenue intégralement par l'écran de l’Atari. La page principale symbolise donc les différentes « régions » d'édition (oscillateur, filtre, amplitude), sur lesquelles il suffira de cliquer pour accéder directement à l'emplacement correspondant de la page détaillée.

Par ailleurs, la page principale intègre un mode d'édition simplifié destiné à modifier globalement des groupes de paramètres (segments de toutes les enveloppes, volume de tous les porteurs, de tous les modulateurs, etc.), sans avoir à assimiler dans le détail la programmation d'un instrument. Bref, de quoi parer au plus pressé !

Equivalences

Afin d'éclaircir le concept d'équivalence mémoire entre Polyframe et l'instrument traité, prenons l'exemple d'un quelconque éditeur bibliothécaire pour DX7. En modifiant à l'aide de ce logiciel l'un des 32 sons d'une banque (soit en l'éditant, soit en y copiant un autre son), ce dernier est automatiquement transmis au buffer d'édition de l'instrument à chacune de ces modifications, pour écoute du résultat.

Par contre, l'emplacement RAM correspondant n'est pas affecté. Ainsi, en admettant que nous venions d'éditer les sons 2, 17, 24 et 31, nous constatons qu'ils ont bien été modifiés en conséquence dans la banque du logiciel, mais pas dans la mémoire de l'instrument, puisqu'ils se sont contentés de résider temporairement dans son buffer d'édition.

Conclusion, il ne reste plus qu'à transférer la banque entière de l'éditeur bibliothécaire vers le DX7 pour le mettre à jour. Polyframe procède d'une toute autre façon, puisque sa mémoire est la réplique exacte de celle de l'instrument auquel il s'adresse, buffers compris.

En ce qui concerne les voices en RAM des SY/TG77, il inclut donc 64 mémoires (l'équivalent d'une banque), ainsi qu'un buffer d'édition. Lorsqu'une voice est copiée dans ce buffer, ou éditée à l'intérieur de ce buffer, les modifications sont répercutées dans le buffer d'édition de l'instrument (jusqu'ici, quoi de plus naturel ?).

Par contre, lorsqu'une voice est copiée dans l'une des 64 mémoires de la banque du logiciel, ou éditée à l'intérieur de l'une de ces mémoires, les modifications sont répercutées non plus au buffer de l'instrument, mais directement à l'emplacement RAM correspondant.

En admettant que l'on édite la voice I06, le résultat sera alors définitivement stocké dans la mémoire I06 des SY/TG77. Ainsi, une stricte équivalence est conservée entre la mémoire de Polyframe et celle de l'instrument. Nul besoin d'émettre un dump de la banque en fin de session.

Accessoirement, ce principe permet d'ouvrir simultanément plusieurs fenêtres d'édition contenant chacune une voice différente de la banque. Dans le même ordre d'idées, il est possible de transmettre et d'aller chercher d'un seul coup plusieurs éléments (les voices 2, 3, 10 et 11 , les multis 5, 6 et 7, les voices 2 et 7 plus les multis 1 et 11, etc).

Librairie

Le nombre d'éléments contenu par la fenêtre de librairie, qui s'ouvre donc depuis le bureau, n'est limite que par la RAM du ST. Qui plus est, cette librairie regroupe indifféremment les éléments de tous les instruments installés. En plus de son nom, chaque élément est associé d'un modèle (TG77, D-50...), d'un type (voice, multi...), d'une date et d'un commentaire, avec toutes les facilités de tri que cela suppose.

Les fonctions de recherche se basent sur le nom (identique ou similaire) sur le commentaire (identique ou similaire), ou sur les paramètres de l'élément sélectionné (similaires). Le degré de similitude (tous les noms éloignés d'un certain nombre de lettres, tous les sons éloignés d'un certain nombre de paramètres) est programmable.

Le module SY/TG77 rajoute une recherche par algorithme ou forme d'onde identique. Bien pratique pour faire le ménage, la suppression de doubles opère d’après les paramètres d'un élément à l'exclusion de son nom, et réciproquement.

Multifenêtrage

Il est prévu de pouvoir ouvrir plusieurs fenêtres à la fois (plusieurs librairies, plusieurs écrans d'édition, de gestion de la mémoire d'un instrument), qu’il s'agisse de procéder à des copies d’éléments, de gérer différents synthés, d'éditer différents sons en même temps, etc. A condition qu'elles ne se superposent pas (les fonctions de répartitions automatiques sont là pour ça), ces fenêtres sont susceptibles d'être toutes actives simultanément.

Les touches de fonction du ST servent à mémoriser et à rappeler instantanément jusqu'à trente configurations de « multifenêtrage » (F1/F10, alternate + F1/F10, alternate + control + F1/F10 pour le rappel de ces trente mémoires, shift en plus pour le stockage).

Divers

Pour écouter les sons, Polyframe dispose de trois méthodes : à partir d'un clavier (option MIDI Thru avec « rechannelize »), de l'environnement Softlink (lecture des séquences Creator/ Notator), ou du logiciel (envoi de notes individuelles ou de mimi séquences enregistrables, avec déclenchement automatique possible à chaque sélection de son et à chaque manipulation d'édition).

Ces séquences, sauvegardables et rechargeables, sont compatibles au format Creator/ Notator. L'environnement de travail de Polyframe est sauvegardé dans un fichier de configuration mémorisant les instruments installés, les fichiers à charger au démarrage (banques de sons, librairies, séquence), et tout un tas d'options (du tramé de fond de l'écran à la validation de l'affichage des messages de mise en garde).

En quittant le logiciel, et sauf demande expresse de votre part, tout fichier modifié (configuration, banque de son d'un instrument, librairie) est sauvegardé sur disquette, sans écraser. l'ancien, renommé avec un suffixe différent (cette option de backup n'est pas obligatoire).

Récupération

La disquette du module SY/TG77 contient un programme consacré à la conversion des sons « six opérateurs » (DX7, TX7, DX711, TX802...) vers une librairie Polyframe. Ce programme accepte différents formats (banques X-Analyser, DXVoodoo, banques et librairies Steinberg Synthworks), ainsi que la réception de dumps directement via MIDI (banques ou edit buffer).

En utilisant l'astérisque dans le sélecteur des fichiers, toutes les banques résidant sur la disquette seront converties les unes à la suite des autres (par exemple A : \ *.SND pour les fichiers Synthworks).

Après une prise en main parfois déconcertante du fait de l'écriture directe dans la RAM de l'instrument, Polyframe se révèle être un outil puissant, ergonomique et économique (d'après une courbe exponentielle fonction du nombre de synthétiseurs à gérer).

Pour le simple plaisir d'émettre une critique, disons qu'il manque peut-être une option de création aléatoire. Quoi qu'il en soit, il semblerait qu'après quelques années d'hibernation quant aux éditeurs bibliothécaires, Gerhard et son staff aient décidé de rattraper le temps perdu. Mission accomplie !

Test réalisé par Christian Braut en septembre 1991 (Keyboards Magazine n°47)

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