Un générateur de son multitimbral avec amplification incorporée, un arrangeur, un séquenceur, deux processeurs d'effets, un lecteur de disquettes, ce sont là les principaux éléments que renferme le petit dernier de chez Technics : le KN1000...
D’une tessiture de cinq octaves (soixante et une touches), le clavier implémente la vélocité d'enfoncement, dont la sensibilité dépend de la courbe de réponse choisie, parmi les dix disponibles. La face arrière comporte une sortie stéréo (au cas où les derniers rangs n'entendraient pas le son des haut-parleurs intégrés) , une entrée stéréo (pour traitement d'une source externe via l’amplification interne, d'une puissance de 10 watts), l'omniprésent trio MIDI, ainsi que deux prises pour pédales, l'une pour le volume, l'autre pour des fonctions diverses et variées (sustain, start/stop, rappel de mémoires...). Pas moins de cent douze boutons recouvrent l'appareil, signe distinctif d'une ergonomie bien pensée, et non d'une varicelle aiguë.
Côté PCM
Les cent cinquante tones que renferme la mémoire (échantillons et multiéchantillons), incluent des sonorités d'instruments acoustiques, de percussions et batterie, plus quelques formes d'ondes synthétiques et transitoires d'attaque. La qualité de l'ensemble est correcte (les accordéons et orgues jazz excellents), malgré des boucles parfois un peu courtes, qui nuisent à la vraisemblance du timbre lors de la phase de sustain.
Un son est composé de un à trois tones (pour une polyphonie totale de trente deux tones), associés chacun de paramètres programmables (volume, accord par demi-tons, désaccord, enveloppe de type ADSR, modulation de hauteur et d'amplitude, contrôle du vibrato par la molette de modulation , sensibilité du volume à la vélocité et au suivi de clavier, sensibilité de la vitesse d'attaque à la vélocité, glide, etc).
Une édition relativement sommaire, mais d'un maniement suffisamment aisé pour qu'un utilisateur peu familiarisé à la programmation obtienne des résultats satisfaisants sans forcer sur le Guronzan. Détaillées sur les schémas ci-contre, quelques fonctions particulièrement intéressantes viennent s'ajouter à cela : le mode trio, l’auto bend et le trill.
De l’usage de la matrice
Le KN1000 contient cent cinquante sons, répartis en cinquante familles de trois, accessibles par l’intermédiaire d’une matrice de cinq lignes sur dix colonnes. Le nom de chacune de ces familles de trois sons est inscrit sur l’instrument (piano, strings, brass…), à l’intersection de la ligne et de la colonne correspondante, sauf évidemment en ce qui concerne les sons en RAM (les dix fois trois sons de la ligne du bas). Par exemple, une pression sur le bouton de la quatrième ligne et sur celui de la quatrième colonne sélectionne la famille des accordéons, dont on choisira l'une des trois variations : brillant, doux et musette. Une méthode tout aussi simple à employer que complexe à expliquer...
La variation de chaque famille est conservée en mémoire, même après extinction de l'instrument. Par ailleurs, en maintenant une note enfoncée tout en changeant de son, celle-ci continuera à produire le son précédent jusqu'à son relâchement.
Le fil conductor
Chacune des huit voies de multitimbralité (poly 1/2, bass, drums, accomp 1/2/3, background sounds), que nous appellerons parties, joue un rôle bien spécifique. Les trois premières (poly 1/2, basse monophonique) sont destinées à être jouées à partir du clavier. C’est au conductor de les assigner de part et d’autre d’un point de split (F#2, B2 ou F#3), selon l’un des agencements suivants : poly1, poly2, poly 1+2 ou bass sur toute l’étendue du clavier, poly2 à gauche et poly1 à droite, bass à gauche et poly2 à gauche et poly1 à droite, bass à gauche et poly1, poly2 ou poly 1+2 à droite.
Le mode keyboard percussion remplace le conductor par l'un des cinq kits de la partie drums, dont trois éléments au choix pourront être déclenchés à l'aide de pads. Sept autres pads se chargent des bruitages de la partie background sounds (applaudissements, explosion, oiseaux...).
Avant d'attaquer l'accompagnement, et avec lui les autres parties, il reste à examiner les deux processeurs d'effets programmables. Le premier est indissociable du son sélectionné, et ne traite que la partie poly 1 (celeste , chorus, délai, distorsion...). Dédié aux réverbes et échos divers, le second est commun à l'ensemble des huit parties, avec déconnexion indépendante pour chacune d'entre elles. Enfin, notons qu'une mini table de mixage est affectée à la balance de ces huit parties.
L’arrangeur automatique
Le KN1000 dispose de cent trente styles d'accompagnement, dont dix programmables par l'utilisateur. Leur sélection s'opère selon un principe similaire à celui des sons : les quarante familles de trois styles, dont le nom est inscrit sur l'instrument, sont accessibles par l'intermédiaire d'une matrice de quatre lignes sur dix colonnes, la cinquième ligne étant réservée aux dix styles programmables. Chacun des cent vingt styles figés comporte un total de cinq motifs (motif de base, intro, ending, till-in 1/2), qui s'enchaînent en appuyant sur les touches correspondantes.
Un accompagnement sollicite cinq parties : bass, drums, et accomp 1/2/3. A gauche du point de split, aucune des parties conductor n'émet de son, sauf lorsque le clavier est configuré poly 2 à gauche, poly 1 à droite. Dans ce cas de figure, il est possible de piloter exclusivement les sorties bass et drums.
A moins de n'utiliser que la partie drums (comme une simple boîte à rythmes à presets), les notes générées par les parties bass et accomp 1/2/3 s'adaptent en temps réel à l'harmonie du morceau, que le KN1000 détecte en analysant les accords joués à gauche du point de split, tout en affichant leur nom à l'écran. Les accords reconnus, ainsi que leur renversement, sont au nombre de dix: M, 7, 7M, +, m, m7, -, m7b5, m7M, 7sus4). En mode one fingered (simplification du doigté), une, deux ou trois touches suffisent à exécuter des accords majeur, mineur et septième, ou mineur septième.
Toujours plus loin
Pendant le déroulement de l'accompagnement, votre main droite est libre d'interpréter de magnifiques soli (poly 1 ou poly 1 + 2), avec la dextérité qui s'impose. Le mode techni chord les double par une ou plusieurs notes en fonction de l'harmonie main gauche, tandis que le mode dynamic accomp modifie interactivement les différentes parties de l'arrangement en fonction de leur évolution.
Pour en finir avec ces fonctions évoluées, sachez que le motif de base d'un style d'accompagnement est associé de deux variations, l'une moins riche et l'autre plus riche. L'enchaînement de ces trois motifs peut s'effectuer manuellement ou automatiquement, auquel cas chaque déclenchement de fill-in provoque le passage de l'un à l'autre (dans l'ordre descendant avec le fill-in 1, et ascendant avec le fill-in 2).
Avec ce genre d'instrument, il n'est pas toujours évident de s'y retrouver entre les différents éléments intervenant au cours d'un arrangement. C'est pourquoi la fonction one touch play règle les sons du conductor et les effets appropriés au style sélectionné, alors que la fonction music style select autorise l'utilisateur à piocher parmi trois cent soixante types de musiques, chacun d'entre eux se chargeant d'appeler le style d'accompagnement, les sons du conductor et effets adéquats.
Personnalisation
A tenter qu'aucun des styles d'accompagnement ne vous convienne vraiment, libre à vous d'en programmer un maximum de dix dans l'un des emplacements prévus à cet effet. Toutefois , les styles programmables ne sont constitués que d'un motif unique d'un maximum de huit mesures, qui s'enregistre en temps réel ou en pas à pas (en partant éventuellement d'un motif existant pour le modifier), et se quantifie.
Pour bénéficier des motifs intro, ending, fill-in 1/2, il suffira de faire appel à ceux de l'un des cent vingt styles existants, ou d'enregistrer quatre autres styles programmables pour les assigner à ces quatre motifs.
Pour parfaire le tout, un séquenceur huit pistes permet d'enregistrer les huit parties du KN1000 (alors considéré en tant que simple générateur de son multitimbral), mais aussi et surtout le déroulement complet d'un accompagnement, dont il mémorise tout dans les moindres détails (changement de sons, de volumes, d'effets, de styles, de motifs...). La capacité du séquenceur, qui ne stocke qu'un seul morceau, est de 4 900 notes, extensible à 6 600 notes en récupérant la mémoire des styles programmables.
Pour finir
Si l'élaboration de styles et de séquences font partie de vos principales préoccupations, le lecteur de disquettes en option (SY- FD20), prévu pour être monté par vos soins, en autorisera la sauvegarde et le chargement. La fonction medley play chargera successivement jusqu'à vingt séquences pour les enchaîner en lecture.
Sur le plan MIDI, outre l'implémentation de nombreux messages (contrôleurs continus définis et non définis, SysEx, horloge en émission et réception, local on/off par partie...), le KN1000 transmet et reçoit les données de l'ensemble des parties. ll se pilote donc à la fois de l'extérieur comme n'importe quel synthétiseur multitimbral, mais contrôle également des générateurs de son à partir des parties de l'arrangeur pour par exemple les enregistrer sur un séquenceur dans le but de les retravailler.
Pour 2 000 / 2 500 € TTC (prix généralement constaté au 1/10/91), les KN1000 / KN1000FD (avec lecteur de disquettes d'origine), remplissent consciencieusement leur rôle d’arrangeur.
Test réalisé par Christian Braut en octobre 1991 (Keyboards Magazine n°48)