La série SY commençait à dater, tandis que la synthèse acoustique virtuelle (VL) n'en est encore, elle, qu’à ses balbutiements ; qu'à cela ne tienne, Yamaha se démarque une nouvelle fois avec le W7.
Depuis le SY77, Yamaha a délaissé la synthèse FM au profit de l'AWM2 (ou mémoire d'onde avancée de la seconde génération) que l'on retrouve dans le W7 avec pas moins de 8 Mo de formes d'ondes linéaires 16 bits échantillonnées à 48 kHz. Ce qui permettra de remplir avec joie les 32 notes de polyphonie de l'engin.
"Moi ce que j'aime chez Yamaha..."
"C'est que les docs, il y en a trois". Pour les polyglottes qui douteraient de la fiabilité de la traduction (et ils auraient tort), le manuel est livré dans la langue de Shakespeare et de Goethe. Très clair au demeurant, il propose une prise en main rapide de la machine.
Au niveau de l'allure, le W7 est un compromis entre le VL et le SY. Doté d'un clavier de soixante-et-une touches sensibles à la vélocité et à la pression, il est également muni de deux molettes (pitch bend et modulation). Sous l'écran à cristaux liquides et à contraste réglable, vous trouverez huit touches de fonctions permettant d'activer une des fonctions présentes à l'écran. A ne pas confondre avec les seize touches de piste, situées au-dessus du clavier qui, suivant le mode sélectionné (Song Play, Voice Play ou Song Record), permettent de se déplacer à travers les seize pistes d'un morceau, d'éditer les sonorités et bien d'autres fonctions encore, apportant ainsi une sélection rapide et simple.
W comme Workstation
Il est clair que Yamaha vise le marché des Workstations avec ce modèle qui comporte tous les ingrédients nécessaires au succès. Tout d'abord, la qualité sonore est au rendez-vous. Il est évident que la marque nippone maîtrise parfaitement la synthèse AWM. Les huit méga-octets de formes d'ondes (environ 500) couvrent la palette sonore habituelle : pianos, cordes, guitares, basses, chœurs, percussions... qui rappellent le timbre du SY avec une netteté plus prononcée et une qualité supérieure.
La disquette de démo livrée avec l'appareil parle d'elle-même et utilise la matière sonore du W7 avec efficacité. Les sons sont choisis parmi les 384 sonorités instrumentales et les 10 ensembles rythmiques répartis ainsi: 128 sonorité + 8 kits de percussions General MIDI qui ne peuvent être ni effacés ni modifiés ; 128 sonorités + 2 kits de percussions pré-programmés qui ne peuvent également être ni effacés, ni modifiés ; 128 sonorités + 2 kits de percussions internes en RAM modifiables et effaçables par l'utilisateur. À cela s'ajoutent seize banques de 128 mémoires de sonorités de morceaux et seize banques de deux mémoires de rythmes, ce qui nous amène tout droit aux deux modes de reproduction sonore du W7.
Le mode Voice autorise le jeu et l'édition d'une seule sonorité à la fois, c'est le mode le plus simple. À l'inverse, le mode Song permet d'utiliser les fonctions de " multi " de morceaux (c'est-à-dire assigner un son à chacune des seize pistes de l'appareil ainsi qu'aux réglages de ces paramètres).
C'est toujours dans ce mode que vous accéderez aux fonctions du séquenceur, outil important pour une workstation. Le séquenceur se caractérise par une capacité d'environ 100 000 notes (ce qui est énorme) avec une résolution de 1/96 de noire, à répartir dans la mémoire de morceaux comprenant 16 séquences pouvant être jouées l'une après l'autre selon un ordre que vous aurez établi. L'enregistrement des séquences se fait en pas à pas, en temps réel ou bien par punch-in.
Edition et mixage
Une fois vos données à l'intérieur du W7, de puissantes fonctions d'édition (copier, effacer, déplacer, supprimer des pistes ou des morceaux, la quantification, la modification de tempo, la transposition... ) et de mixage sont à votre disposition. En parlant de mixage, celui-ci s'avère souple d'utilisation et apporte une touche supplémentaire dans la procédure de création musicale de l'appareil.
L'écran du W7 affiche une représentation graphique d'une table de mixage seize voies représentant ainsi les seize pistes du séquenceur. Chaque piste contient les éléments suivants : réglage du volume, panoramique, accordage, changement de note, plage du pitch bend, commutateur effet d'insertion, envois d'effets du système 1, 2 et 3 et la sélection de la sonorité. Le tout comme sur une vraie table de mixage avec automation et sauvegarde sur disquette. En effet, l'appareil est équipé d'un lecteur interne de disquettes 3 ” 1/2 double densité permettant le stockage et le chargement de configurations et d'éditions de sons (mode Voice et Song), de séquences réalisées sur le W7 ou provenant d'un fichier MIDI (sauvegarde au format MIDI 0 et chargement format MIDI 0, 1 et Yamaha ESEQ).
Le format ESEQ permet une compatibilité de séquences avec le SY77, le Piano Player et le Clavinova (sauf pour les disquettes commercialisées pour les deux derniers appareils cités). Nous avons ainsi testé quelques séquences au format MIDI puisque le W7 arbore le sigle GM. Le résultat est passable. La qualité sonore des sons dédiés spécifiquement au GM reste décevante par rapport à la qualité globale de ceux présents dans la machine.
Si toute cette panoplie sonore que nous venons de passer en revue ne vous paraissait pas suffisante, une carte d'extension en option de 4 Mo, apportant de nouveaux éléments AWM et d'autres sonorités, pourra être installée dans le W7, en dévissant une petite plaque située sous l'appareil et prévue à cet effet. À propos d'effets (quelle brillante transition), le W7 dispose de deux processeurs d'effets stéréo indépendants, cumulant à eux deux, soixante quinze effets numériques variés (réverbération, délais, chorus, distorsion, égaliseur, aural exciter…).
Tu m’fais de l'effet
Le premier des deux processeurs comprend 35 effets d'insertions. Un effet d'insertion peut être assigné par l'utilisateur à une sonorité ou bien à un multi d'un morceau. Dans le cas d'un multi, trois effets d'insertion par sonorité peuvent être utilisés dans un morceau.
En gros, cela revient à dire que dans la table de mixage évoquée ci-dessus, vous pourrez assigner et contrôler sur chacune des seize pistes, trois effets différents en dosant pour chaque effet le niveau du signal. Les paramètres des effets sont bien entendu éditables par l'utilisateur. Le second processeur comprend 40 effets système. Ils sont appliqués au mixage global d'une sonorité et d'un multi et ne peuvent dépasser trois effets à la fois. Ils sont également configurables par l'utilisateur.
Le mot de la fin
Un petit reproche tout de même : il est dommage de ne pouvoir importer comme sur le SY99 ou le SY85 des échantillons via le lecteur de disquettes ou le MIDI, cela aurait pu accroître les capacités de la machine. Regrettable également la non-compatibilité au niveau sonore avec les machines sus-nommées. Bien que le W7 ne soit certes pas une révolution en matière de synthétiseur, avec un rapport qualité/prix honorable (1 970 € pour le modèle W7 à 61 touches et 2 425 € pour le W5 à 76 touches), une qualité sonore impeccable, une facilité et une puissance d'utilisation, et la possibilité intéressante d'adjoindre des cartes optionnelles, il me semble promis à un bel avenir et il le mérite.
FICHE TECHNIQUE
- Clavier : 61 touches lestées sensibles à la vélocité et l'aftertouch
- Polyphonie : 32 voix
- Multitimbralité : 16
- Ecran : écran LCD réglable 240 x 64 points
- ROM : 8 Mo d'échantillons à 16 bits/48 kHz
- Synthèse : AWM2
- Mémoires :
- 128 (GM)
- 128 (Preset)
- 128 (Interne)
- 128 (Song)
- Effets : 35 effets d'insertion, 40 effets système
- Séquenceur : 16 pistes, 16 morceaux, capacité d'environ 100 000 notes, résolution 1/96 de noire
- Lecteur de disquettes : 3"1/2 double densité (2DD)
- Molettes : Pitch bend et modulation
- Compatible General MIDI (GM) : oui
- Sorties audio : stéréo (L + R) en jacks 6,35
- Sortie casque : jack 6,35 stéréo
- Connexions pédales : 3 pour volume, sustain et contrôle
- MIDI : ln, Out & Thru
- Dimensions : 1 067 x 371 x 121 mm
- Poids : 14 kg
- Consommation : 20 W
Test réalisé en décembre 1994 par Ludovic Gombert (magazine Keyboards n°83)