De prime abord, si ce n'est l'absence de bande, le DR4d ressemble à s’y méprendre à un vulgaire magnétophone. Un déguisement rassurant pour beaucoup, derrière lequel se cachent tous les avantages du Direct to Disk.
Séduisant à plus d'un titre - qualité du numérique, accès direct, édition -, le DtD n'a pourtant pas encore fait l'unanimité. En dehors de certains professionnels de la diffusion, de la postproduction, du pré-mastering, et d'une poignée de « home studistes » nourris à grands coups d'octets, le monde est peuplé d'irréductibles musiciens, fermement décidés à bouter l'envahisseur « tapeless » hors de leur studio.
Pour enregistrer, plutôt que de suivre d'obscures directives (« sélectionnez une piste dans le quatrième sous menu déroulant, comptez jusqu'à trois, faites deux pas en arrière, double cliquez sur la cinquième icône en partant de la droite… »), ils préfèrent s'en référer à des instructions plus directes : « toi y'en a appuyer sur record » ! Conscient de ce barrage psychologique, Akai a tout mis en œuvre pour le faire sauter. L'objectif à atteindre ? Rendre le DR4d aussi convivial qu'un multipiste…
L'environnement
Sous un angle terminologique, nous devrions donc plutôt parler de magnétophone numérique quatre pistes sur disque dur, que de Direct to Disk. Du reste, extérieurement, le DR4d est plus proche du DAT professionnel que du tableau de bord de vaisseau spatial : touches de transport, molette « jog/shuttle », etc. Peut-être vous rappelle-t-il aussi vaguement le S3000 ? Logique : il lui emprunte le rack, de même que quelques touches. Au pays du soleil levant, dans les usines d'assemblage, on ne jette pas les yens par les fenêtres.
Jusqu'à quatre DR4d peuvent être synchronisés rien qu'en les reliant deux à deux par de simples câbles, et télécommandés par la DLA (en option). A l'image des consoles modulaires, cela permet à chacun de trouver chaussure à son pied et de s'agrandir à son rythme.
Trois versions sont proposées à la vente, l'une nue, les deux autres équipées de disques internes de 210 et 540 Mo. Comptez respectivement 2 120, 2 515, 3 034 € TTC (prix publics généralement constatés au 1/10/93). Un port SCSI d'origine autorise le chaînage de jusqu'à cinq disques durs externes, à condition que leurs performances soient à la hauteur : temps d'accès inférieur à 19 millisecondes, débit de transfert supérieur à 12 mégabits par seconde (les modèles testés et approuvés par Akai sont mentionnés en encadré). L'ensemble des disques raccordés, interne et externes, est géré de manière transparente, à savoir comme une seule et unique mémoire de masse.
Quatre à quatre
Sur le plan de l'enregistrement, certains Direct to Disk sont limités. Au sein du club des « quatre pistes », songez par exemple au DD1OOO, qui en raison de la lenteur du disque optique, n’enregistre qu'un canal à la fois (mono ou stéréo), bien qu'il puisse en lire deux (soit deux pistes avec deux canaux mono, trois avec un canal mono et un stéréo, ou quatre avec deux canaux stéréo). Songez également au CBX-D5, qui n'enregistre que deux pistes à la fois, bien qu'il puisse en lire quatre. Pour sa part, le DR4d échappe à de telles restrictions : demandez-lui d'enregistrer quatre pistes simultanément et il s'acquittera de sa tâche sans sourciller. Normal, pour un produit clamant sa ressemblance avec un magnétophone…
Entrées/sorties
Après avoir opté pour l'une des trois fréquences d'échantillonnage (32, 44.1 ou 48 kHz), on décidera, pour chaque paire de pistes (1/2, 3/4), d'enregistrer en analogique ou en numérique. Matérialisées par 2 x 4 embases jacks stéréo, les entrées/sorties analogiques opèrent indifféremment en symétrique ou en asymétrique (jacks mono). Désolé pour les puristes de la XLR, mais il ne restait pas assez de place en face arrière… Tant en entrée qu'en sortie, toujours pour chaque paire de pistes, on choisira entre - 10 et + 4 dB. Enfin, à défaut de potentiomètres de volume (avez-vous l'habitude d'en voir sur les multipistes ?), les niveaux d'enregistrement devront être réglés depuis la console.
Astucieusement conçue, l'interface AES/EBU est à la fois équipée de connecteurs XLR et RCA. En entrée, tous deux acceptent les formats Type 1/professional et Type 2/consummer (souvent abusivement nommés AES/EBU et S/PDIF). D'autre part, les deux canaux sont dédoublés, c'est-à-dire dirigés vers les pistes 1/3 et 2/4 (dommage que ce soit pas le cas en analogique, lorsqu'aucun jack n'est raccordé aux entrées 3 et 4). Signalons la présence d'une fonction « de-emphasis », tout en rappelant que l’emphasis, dont l'effet se traduit par une augmentation de l'amplitude des fréquences situées aux alentours de 3.5 kHz, est un procédé de réduction de bruit qui fut utilisé pour améliorer les performances des premières générations de convertisseurs. A part ça, tous nos compliments au DR4d, qui ôte systématiquement les affreux bits SCMS, et transmet son bonjour aux associations protectrices des droits d'auteurs…
A la sortie AES/EBU, où il est possible de sélectionner l'un ou l'autre des formats précités (consummer ou professional), le signal des pistes 1 et 2 se dirige parallèlement vers les prises XLR et RCA. Pour bénéficier de quatre canaux, on équipera l'appareil d'une seconde interface, commercialisée sous le nom d'IB-11OD. Pour enregistrer en numérique, alors qu'avec une seule entrée AES/EBU, il suffit de positionner le DR4d sur la bonne fréquence d'échantillonnage, en gérer deux augmente la difficulté. Afin de se prémunir contre tout risque de bruit, il est en effet impératif qu'elles soient parfaitement synchrones : qu'elles proviennent du même appareil, ou d'appareils distincts calés sur une seule et unique horloge.
Au compteur
L'afficheur indique la position courante de la « bande », soit sous forme SMPTE, soit sous forme bars/beats/clocks (ce qui implique d'acquérir la carte MIDI détaillée ci-après). Cette position s'exprime en mode absolu, ou en mode relatif, ceci à partir d'une remise à zéro, de la programmation d'un offset, ou en décidant qu'à telle heure (à la manière de nos changements d'horaires estivaux et hivernaux…), il est désormais telle heure !
D'autres informations apparaissent sur cet afficheur à huit LED : les messages d'erreurs, mais surtout les valeurs des différents paramètres à éditer (fréquence d'échantillonnage, temps de preroll, varispeed), que l'on fera défiler avec la molette « jog/shuttle ». Situés chacun en bas à droite d'une LED, six points lumineux jouent un rôle bien particulier. Le premier signale les accès disque, tandis que le deuxième précise les conditions dans lesquelles ils s'effectuent : normales, lorsqu'il clignote ; nécessitant une défragmentation, lorsqu'il s'allume en permanence (voir encadré).
Quant aux quatre autres, ils reflètent l'activité des pistes, ce qui permet de repérer les « blancs » et de les éliminer grâce à la fonction erase (décrite plus loin), pour récupérer des octets. Eh oui, enregistrer du silence grignote autant d'espace sur le disque dur que d'enregistrer Pavarotti… Au rayon suggestion, nous verrions d'un bon oeil, lors d'une prochaine mise à jour, l'ajout d'une suppression automatique des signaux d'un niveau inférieur à un seuil à déterminer.
Enregistrons
Pour ce faire, la manœuvre est à peine plus délicate que nous vous l'annoncions en début d'article : « toi y'en a maintenir la touche record enfoncée et appuyer sur play » (l'expérience prouve qu'une majorité de musiciens, avec un minimum d'entraînement, se tire presque intuitivement de cette rude épreuve). Quitter le mode d'enregistrement relève de la même subtilité : « toi y'en a presser la touche stop ».
Il existe trois méthodes de punch-in/out : manuelle (maintenir la touche play enfoncée et appuyer sur record pour « entrer », presser la touche play pour « sortir »), au pied (footswitch), ou automatique, en conjonction avec des locators bien spécifiques (les mémoires in et out). Lors d'un punch/in-out manuel, les points d'entrée et de sortie sont automatiquement stockés dans ces deux mémoires. Pour s'entraîner, on utilisera la fonction « rehearsal », qui en mode « auto monitor on » simule un enregistrement sans rien inscrire sur le disque. Ainsi, en sortie, pour les pistes sélectionnées, une fois arrivé au point de punch-in, le DR4d répercute les signaux présents à l'entrée, en lieu et place du matériel enregistré (et réciproquement, arrivé au point de punch-out). Ceci nous amène à parler du circuit de monitoring, qui n'a rien de bien compliqué. Sur les pistes sélectionnées, lorsqu'il est inactif, que ce soit à l'arrêt, en lecture ou en enregistrement, on entend le signal source (celui parvenant à l'entrée). Par contre, en lecture, lorsqu'il est actif, on entend le signal « bande ».
Dernière précision et non des moindres : l'existence d'une touche « undo », qui à la suite d'un enregistrement, fonctionne comme une bascule. En clair, une première pression permet de récupérer la portion détruite effacée par l'enregistrement (de supprimer ce dernier), une deuxième, d'annuler cette récupération, etc. Sans doute est-ce la raison pour laquelle en lecture, il est impossible d'effectuer plusieurs punch/in-out successifs sans arrêter le DR4d après chacun d'eux, avant de passer au suivant. Toujours au sujet des punchs, un minimum de 1 024 échantillons doit séparer les points d'entrée et de sortie. Par ailleurs, de courts crossfades assurent des transitions en douceur.
Transport…
Comble du raffinement, alors qu'un Direct to Disk est supposé se rendre immédiatement à n'importe quelle position, Akai nous a concocté de fausses touches « rewind » et « fast forward » à deux vitesses. De surcroît, quand l'une d'elles est pressée au cours de la lecture, le signal est lu plus rapidement, dans un sens ou dans l'autre. Au chapitre défilement, la molette « jog/shuttle » se comporte admirablement bien. Mettons l'accent sur la différence entre ces deux fonctions : le « jog » sert à repérer un point avec une grande précision (imaginez-vous en train de tourner les bobines d'un magnétophone), tandis que le « shuttle » consiste en une lecture avant ou arrière, à différentes vitesses (quatre fois moins, deux fois moins, deux fois plus et quatre fois plus vite, dans le cas présent).
Autre variation de vitesse : celle infligée par le varispeed, qu'il est toutefois impossible d'enclencher, de désenclencher ou de modifier lors de la lecture, ni d'exploiter avec les entrées numériques. Si à 44.1, il accélère et ralentit (de 8 27.44 % à + 8.84 %), son action se limite à un ralentissement à 48kHz (- 33.33 %), et à un ralentissement à 48 kHé (- 33.33 %), et à une accélération à 32 kHz (+ 50 %).
… et positionnement
Avant de s’attaquer aux locators, passons en revue quelques touches fort utilses : zero return (retour à zéro), « play » (lecture de la portion comprise entre les mémoires in et out), repeat (bouclage de cette même portion, sans aucune interruption du son), last (positionnement au niveau du dernier point d’arrêt, puis de l’avant-dernier par une seconde pression), et play to out. En pressant cette touche alors que le Direct to Disk est à l’arrêt, il se calera quelques secondes plus tôt (une durée qui dépend du temps de preroll, programmable de 0 à 99 secondes), passera en lecture, puis stoppera à la position où il se situait précédemment (pratique, pour confirmer des points de fin ou de sortie). En pressant cette touche alors que le Direct to Disk est en lecture, il s’en retournera à la position d’où il avait démarré et s’arrêtera.
En dehors des deux mémoires in et out, le DR4d compte huit autres locators à accès direct (presser la touche correspondante permet d'aller instantanément à la position mémorisée), et cent à accès indirect (appelables en « composant » leur numéro à l'aide du pavé alphanumérique). Pour programmer ces locators, on en saisira la valeur manuellement, ou à la volée (à l'échantillon près, même si le compteur ne reflète pas cette précision). Au fait, absolument tous les réglages du DR4d sont conservés en mémoire à la mise sous tension, jusqu'à ceux de la fonction « undo » (enregistrer une prise, la supprimer, éteindre l'appareil, le rallumer, puis la récupérer, provoque une joie ineffable…).
INTERFACES ET ACCESSOIRES |
DLA (télécommande) : 1 082 € TIC IB-1OOD (2ème interface AES/EBU) : 271 € TTC IB-112T (carte SMPTE) : 183 € IIC IB-113M (carte MIDI) : 152 € TTC IB-111S (interface SCSI, sauvegarde et communication) : 183 € TTC AL-X50 (câbles de liaison DR4d/DR4d) : 27 € TTC |
Qualitativement parlant
En démontant le DR4d, l'amateur éclairé appréciera la présence de deux alimentations : l'une, à découpage, l'autre à base de transformateur, dédiée aux convertisseurs (nul d'entre vous n'ignore bien entendu la néfaste influence du découpage sur les conversions A/D et D/A). Ces convertisseurs sont d'ailleurs parmi les plus récents et les plus performants du marché, ce que confirmera toute paire d'oreilles en bon état de marche.
Pour pousser ce valeureux DtD dans ses derniers retranchements, nous avons copié une piste sur une autre, à la même position. Ensuite, nous l'avons copiée sur elle-même une première fois, en la positionnant une seconde plus loin, puis une deuxième, en la décalant toujours d'une seconde, mais dans l'autre sens, de manière à la replacer exactement au même endroit. Malgré tant de bonne volonté, impossible de provoquer le moindre problème de phase.
Concernant les Direct to Disk, la fiabilité compte certainement presque autant que la qualité audio. Ainsi, ceux conçus autour d'une plate-forme informatique sont connus pour traverser une intense période d'instabilité, avant que soient éliminés tous les bugs. Combien de pionniers en ont fait les frais ! Et quoi de plus fâcheux que d'inviter Prince à une partie de croquet un dimanche après-midi, pour le soir venu, alors qu'il s'apprête à « soloter » sur votre dernier titre, voir apparaître à l'écran le message suivant : « une erreur système est survenue, vous venez de quitter inopinément l'application »· Tout le monde sait qu'à Paisley Park, on déteste la grossièreté… Avec le DR4d, comme la plupart des « boîtes » dédiées, le risque est minime.
Le pour et le contre
Vous l'aviez compris, en termes d'ergonomie, le DR4d est le premier Direct to Disk à pouvoir sérieusement prétendre au titre de magnétophone multipiste sur disque dur. Toutefois, pour parvenir à un tel résultat, Akai a dû faire un compromis. Ainsi, certains déploreront l'absence de « ghost copies ». Concrètement, chaque fois que l'on duplique une portion d'enregistrement, le DR4d l'inscrit une seconde fois sur le disque dur.
Arguments contre : la perte de place (sont particulièrement visés les férus de musique répétitive), le manque d'élégance du procédé (intellectuellement peu satisfaisant), l'obligation, après avoir passé trois heures à travailler un premier refrain (à le déplacer, à l'éditer), de réitérer avec les suivants. Arguments pour : l'inutilité flagrante d'économiser trois malheureux octets (au rythme où évoluent les mémoires de masse, la course au méga n'est déjà plus qu'un lointain souvenir), l'incitation, tant qu'à consommer du bit, à enregistrer plusieurs fois la même partie, avec toutes les nuances, les subtilités, dues aux légères différences entre les versions (plutôt que d'élaborer des morceaux comme on joue au lego), le fait que l'individu familiarisé depuis des lustres avec la notion de bande, plus qu'avec les copies fantômes, ne soit pas déstabilisé (imaginez qu'il modifie le premier refrain d'un titre, et qu'il s'aperçoive avec horreur que tous les autres ont subi le même traitement).
Édition
Non content de singer son cousin à bobines, le DR4d tire bien entendu parti des possibilités que procure l'enregistrement sur disque dur. Il autorise la copie, la copie avec insertion (tout ce qui se situe après l'adresse de destination avance, pour faire place à la portion dupliquée), l'insertion d'un vide, le déplacement (la portion de départ est remplacée par du vide), le déplacement avec insertion, l'effacement et la suppression. Pour les opérations de copie et de déplacement, on spécifiera le nombre de répétitions voulues.
A notre plus grande joie, à l'instar du dernier enregistrement, la dernière manipulation bénéficie de la bascule « undo ». Par contre, il eut été appréciable que le DR4d soit capable de calculer la différence entre deux locators et de l'ajouter à un troisième. Pour des copies et déplacements successifs, voilà qui aurait évité de sortirsa calculette.
DUR À LA DÉTENTE |
À l'intention des retardataires et pour la soixante-neuvième fois, voici explicité avec brio le lien entre durée d'enregistrement et mégaoctets. Approximativement, à 44,1 kHz, une minute mono occupe 5 Mo (contre 3,7 et 5,5 Mo à 32 et 48 Hz). Ainsi, des disques durs de 200 et 500 Mo contiendront 40 et 1OO minutes de son. Qualifiée de linéaire, cette durée est assimilable à la capacité d'un réservoir où puisent les différentes pistes d'un Direct to Disk. A vous de la répartir à votre guise. Par exemple, avec 300 Mo, peut-être enregistrera-t-on sur une seule piste pendant 60 minutes, ou sur deux, pendant 30 minutes, ou sur trois pendant 10 minutes et sur la quatrième pendant 30 minutes, etc. Saviez-vous que le DR4d pouvait théoriquement gérer (dans les milieux autorisés, on préfère dire « adresser ») jusqu'à 64 gigaoctets ? Plus qu'il n'en peut supporter, puisque son compteur SMPTE lui interdit de dépasser les 24 heures, soit un peu moins de 30 Go avec quatre pistes pleines à ras bord. |
Sauvegarde
A force d'enregistrer, vient un jour où le disque dur du DR4d est plein. Pour en sauvegarder le contenu, deux formules vous sont offertes. La première d'entre elles, le backup sur cassette DAT via l'interface AES/EBU, constitue la plus économique, mais aussi la plus lente. Pour obtenir approximativement le temps requis par cette opération, divisez par deux la durée du « matériel » à copier, exprimé linéairement. Ainsi, quatre pistes contenant chacune 5 minutes de prises, soit 20 minutes au total, se copieront en 10 minutes.
La seconde requiert une interface SCSI optionnelle, l'IB-IIIS (dotée de deux connecteurs 50 broches), servant à la fois à la sauvegarde et au raccordement à des ordinateurs, en vue d'applications ultérieures. Pour revenir au backup, notons qu’il est possible de sauvegarder l'intégralité des données de l'ensemble des disques (l'interne, plus les éventuels externes), ou seulement une portion comprise entre deux locators (les mémoires in et out). En la rechargeant, cette dernière ira se placer par défaut au même endroit, ou sur demande, à une autre position. Par sécurité, un rechargement ne peut effacer de données. Si la zone de destination est occupée, il faudra préalablement l'effacer.
MIDI
Dans l'état actuel des choses, l'option MIDI, l'IB-113M, n'est pas le fer de lance du DR4d. Dans le but d'asservir un séquenceur, elle se contente d'émettre des messages d'horloges et des Song Position Pointers d'après une carte des tempi/signatures. Plutôt que de devoir saisir cette carte, alors qu'a priori, elle réside déjà dans la mémoire du séquenceur, une fonction « learn » eut été la bienvenue (réception des horloges et SPP émis par le dit séquenceur, en vue de les analyser et de construire automatiquement la carte de tempi/signatures correspondante).
On regrettera aussi l'absence de MIDI Time Code, d'autant qu'il aurait constitué un palliatif à un problème inhérent aux Song Position Pointers. En effet, ceux-ci n'étant émis qu'avant un message Start ou Continue, le DR4d, alors qu'il boucle sur une quelconque portion, n'a aucun moyen, lorsqu'il retourne au début de cette portion, de prévenir le séquenceur. C'est pourquoi ce dernier poursuit sa route droit devant, contre vents et marées. N'ayez toutefois aucune crainte : motivés par des accords passés avec de grands éditeurs de logiciels (vous saurez tout d'ici quelques lignes), l'équipe d'Akai travaille de pied ferme à une nouvelle version de l'IB-113M.
Qui peut le plus…
Avec le DR4d, la politique du constructeur semble on ne peut plus évidente : démythifier le Direct to Disk en lui donnant des allures de magnétophone. Malgré cette grande maîtrise de l'art du camouflage, nos amis nippons sont soucieux d'attaquer sur tous les fronts, et n'ont pas dit leur dernier mot. D'une part, il doivent sortir une carte SMPTE courant octobre, l'IB-112T, visant à asservir l'appareil à un code externe (il va de soi qu'un environnement regroupant plusieurs DR4d n'a besoin que d'une seule carte; idem en MIDI). Si les gens de la postproduction sont les premiers à se réjouir de cette information, les DAT synchronisables utilisés à des fins d'édition n'ont qu'à bien se tenir.
D'autre part, à l'instar de Yamaha avec son CBX-D5, pourquoi ne pas proposer un package « séquenceur + DtD » ? Ainsi, mallette sous le bras, les ingénieurs japonais sont partis rendre une amicale visite à la bande des quatre, c'est-à-dire à messieurs Opcode, MOTU, Steinberg et Emagic. Ceux-ci, suite à de fructueux entretiens, ont émis le désir de voir figurer de nouvelles fonctions sur le DR4d : implantation du MIDI Machine Control (possibilité de télécommander le transport, la sélection de pistes), génération de MIDI Time Code (notamment à réception de ces commandes de transport, pour simuler une piste de code temporel), création de messages exclusifs (appui « à distance » sur les touches, afin d'accéder à toutes les fonctions), et transfert des formes d'ondes par le port SCSI B. Même si des bruits courent quant à des démonstrations lors du prochain NAMM, ne vous attendez pas à une commercialisation avant 1994. Rude concurrence en perspective !
LA DÉFRAGMENTATION ? MAIS C'EST TRÈS SIMPLE |
Soit un disque dur vierge et dûment formaté, pouvant contenir huit minutes d'audio (figure 1). Pour commencer, décidons d'enregistrer trois prises de deux minutes: A, B et C. En toute logique, elles s'inscriront sur le disque les unes à la suite des autres (figure 2). Dans un second temps, supprimons la première minute de B (figure 3). Enregistrons alors deux autres prises, D et E, de quinze secondes chacune. Du fait que le DtD, en partant du début du disque, se mette en quête d'un « blanc » pour les y caser, elles occuperont la moitié de l'espace libéré par la suppression partielle de B (figure 4). Pour terminer, effaçons D (figure 5), puis enregistrons deux minutes et quarante-cinq secondes de son (F). La place libre à la fin du disque, après C, s'avère insuffisante : il ne reste que deux minutes. En conséquence, le Direct to Disk se verra contraint d'éclater la prise en trois, ou si vous préférez, de la fragmenter (figure 6). Schématiquement, en lecture, cela l'obligera à prendre de l'avance en allant chercher les données un peu plus vite que nécessaire, sachant que cette avance compensera le temps qu'il perdra à déplacer sa tête de lecture d'une portion à l'autre (entre F1 et F2 d'une part, F2 et F3 d'autre part), permettant ainsi d'émettre le signal audio sans discontinuité aucune. Or, par définition, plus le disque dur est utilisé, plus les enregistrements sont fragmentés, plus le Direct to Disk doit faire d'efforts pour les lire. Le processus de défragmentation résout cet épineux problème en regroupant les différentes portions de chaque prise (figure 7). |
Les plus : le prix, l'ergonomie de type magnétophone, le coOt, la qualité audio, le fait qu'il ne soit pas cher, la molette « jog/shuttle », l'aspect financièrement économique, le backup sur DAT.
Les moins : la carte MIDI (jusqu'à nouvel ordre), l'absence de « ghost copies » (pour les inconditionnels du séquenceur, qui de toute façon, n'investiront pas dans un DR4d tant qu'il ne sera pas interfacé avec leur logiciel favori).
FICHE TECHNIQUE
Type : magnétophone multipiste numérique sur disque dur
Nombre de pistes : quatre
Quantification : 16 bits linéaire
Fréquences d'échantillonnage : 32/44.1/48 kHz
Convertisseurs A/D : 18 bits, suréchantillonnage x 64
Convertisseurs D/A : 18 bits, suréchantillonnage x 8
Réponse en fréquence : 30 Hz - 22 kHz, +1/-1 dB (à 48 kHz).
Distorsion : < 0.05 (1 kHz, - 15 dB)
Dynamique : 96 dB
Diaphonie : 90 dB (1 kHz, à 48 kHz)
Pleurage et scintillement : non mesurables
Disque dur : en option (210 et 540 Mo)
Jog/Shuttle : oui
Varispeed : - 27.44 % /+ 8.84 % (44.1 kHz), - 33.33 % / 0 (48 kHz), 0/+ 50 % (32 kHz)
Edition : copie, copie + insertion, déplacement, déplacement + insertion, effacement, suppression, insertion de blanc
Locators : 2 (punch-in/out) + 8 (accès direct) + 100 (accès indirect)
Afficheur : huit LED sept segments
Bargraphs : quatre peak mètres 20 LED
Entrées analogiques : symétriques et asymétriques (jacks stéréo x 4), commutation - 10/+ 4 dB
Sorties analogiques : idem
Entrées/sorties numériques : AES/EBU ou S/PDIF (XLR et RCA)
Connecteurs divers : port SCSI 50 broches, prise casque, prise footswitch (pédale punch-in/out), prise pour raccordement à un autre DR4d ou à la télécommande (DL4)
Dimensions : 483 x 133 x 410 (rack 3U)
Poids : 9,5 kg
Alimentation : 220 - 230 volts, 50 Hz
Consommation : 30 watts
Test réalisé par Christian Braut en octobre 1993 (Keyboards Magazine n°70)