Avec les i2/i3, Korg frappait fort et imposait un concept solide du côté des claviers arrangeurs. Toujours dans la série "i", devenue désormais une référence en la matière, un tout nouvel appareil pointe ses touches à l'horizon : le i5S. Alors, un i3 allégé ? Pas si sûr...
Quoiqu'en disent certains, les machines qui servent aux différents bancs d'essai que vous retrouvez avec joie chaque mois, retournent à leurs importateurs respectifs et ne terminent jamais leur existence parmi les home-studios des rédacteurs. Ainsi, il arrive que des séparations laissent plus d'amertume que d'autres. C'est le cas pour le dernier clavier de chez Korg, sans conteste l'un des meilleurs arrangeurs du moment.
Zoom sur l'engin
D'aspect classique, le i5S diffère des autres arrangeurs de la série par quelques boutons "colorés", un écran plus petit (dommage !) et une sérigraphie représentant les différentes percussions disponibles, assignées chacune à une touche du clavier. En bas à gauche, sous le clavier, l'indispensable lecteur de disquettes acceptant les double et haute densités (2DD et 2HD).
Juste au-dessus, on trouve la molette de pitch bend et le bouton de modulation, puisque sur cet appareil, la modulation s'opère par l'intermédiaire d'une pression exercée sur ce bouton. Deux haut-parleurs, une sortie casque et une sortie stéréo permettent une écoute agréable dans tous les cas d'amplification, ce qui nous amène, tout naturellement, à aborder la qualité sonore de la machine, aspect incontournable et primordial.
Simple d'emploi
Après plusieurs heures de jeu, sans lecture du manuel et sans entrer plus en profondeur dans la machine, il apparaît clairement que le i5S se veut convivial et performant. Tout d'abord, avec 384 sons en accès direct, répartis comme suit : 128 compatibles GM + 192 autres (en ROM) et 64 sons utilisateurs (en RAM), associés à plus d'une dizaine de kits de batterie, le clavier Korg permet d'aborder une large palette sonore qui ravira les plus difficiles. Les guitares sont toujours aussi excellentes et n'ont rien à envier aux cordes ou aux percussions, autres points forts du i5S.
Au niveau arrangement, 128 styles pré-programmés sont présents en ROM et 64 utilisateurs en RAM qu'il est possible de sauvegarder et charger sur disquette, accédant ainsi à une vaste bibliothèque puisque le i5S est compatible avec la série "i" de chez Korg (aussi bien au niveau des sons, des séquences, que des arrangements). Vous pourrez ainsi utiliser les collections de disquettes ou bien récupérer les nombreux styles que l'on trouve dans le domaine public. Notez à ce sujet qu'il est prévu cette année la sortie d'un éditeur pour PC et Macintosh en domaine public, dédié au i5S, qui permettra l'édition et le stockage des sonorités et des styles directement par l'intermédiaire de l'interface To Host, présente sur le clavier.
Chaque style comporte quatre variations, deux breaks, deux intros et deux fins. Autant dire qu'on ne se lasse pas tout de suite d'entendre le i5S jouer, petit reproche que l'on pourrait faire d'une façon générale aux arrangeurs. D'autant que le clavier Korg a le don de vous ensorceler par ses arrangements d'une surprenante maîtrise. Un accompagnement se décompose en six pistes : la batterie, les percussions la basse et trois autres pistes variables (seconde basse, guitare, synthé, cuivres, etc.). dont le volume peut être individuellement contrôlé grâce à des touches + et - disposées à gauche de l'écran. Appuyer sur ces deux touches en même temps permet de muter la piste. Astuce intéressante, mais n'aurait-il pas été plus souhaitable d'implanter des curseurs pour faire varier plus rapidement le volume ?
Enregistrement et lecture
Un autre point fort du i5S réside dans ses capacités d'enregistrement et de reproduction sonore. Le séquenceur interne, d'une capacité de 40 000 événements, permet l'enregistrement des données d'arrangements (en fonction des accords joués et des touches pressées) ainsi que d'une mélodie. De plus, ce mode propose huit pistes supplémentaires pour, par exemple, ajouter des contrôles sur les pistes de l'arrangement ou transmettre des données. Dix séquences, chacune d'une capacité maximum de 16 000 pas, peuvent ainsi être stockées dans l'appareil. Bien entendu, ces séquences sont éditables à loisir (copier, effacer, quantiser, etc.). Par ailleurs, il est possible de convertir une séquence du i5S au format MIDI File. Les données de styles seront alors converties en notes MIDI. Pour peu que vous ayez programmé votre morceau avec les sons internes GM, vous pourrez créer facilement des séquences compatibles General MIDI.
Compatibilité et effets
La compatibiIlité s'opère d'ailleurs dans l'autre sens, puisque le clavier Korg lit facilement toute disquette contenant des morceaux au format GM. Une fois introduite dans le lecteur, le i5S, activé en mode "song play", analyse la disquette et reproduit les séquences s'y trouvant, soit globalement (par ordre alphabétique), soit directement sur un morceau que vous aurez choisi. Si ce morceau est au format 0, la lecture se fera directement sur la disquette, s'il est au format 1, celui-ci sera chargé dans la mémoire tampon du i5S (jusqu'à 156 Ko), puis reproduit. Une quarantaine de séquences ont ainsi été testées, mettant à l'épreuve la bonne compatibilité de l'appareil et la qualité sonore. Le résultat est on ne peut plus concluant, malgré peut-être une légère lenteur lors du chargement des séquences, si l'on veut être un tantinet pinailleur.
Le multi-effets stéréo numérique est pour beaucoup dans la qualité sonore du i5S. Il renforce la présence de sons métalliques et accentue la profondeur des basses. Entièrement programmable, il propose quarante sept effets dont des réverbes, délais, phaser, chorus, flanger, distorsion…
A conseiller
Il est évident que le i5S, destiné à un large public, devrait séduire un grand nombre d'entre vous, surtout si je vous dit qu'il ne dépasse pas la barre des dix mille francs (1 402,53 €). Il est simple d'utilisation, compatible GM et la série "i", d'une qualité sonore irréprochable avec d'excellents styles d'arrangements, bref, autant d'atouts font de lui un digne représentant de ses grands frères i2 et i3.
Test réalisé en avril 1996 par Ludovic Gombert (Keyboards magazine n°98)