22 ans, 1er album, Matthieu s’impose sans concession face à une major, Warner. Auteur, compositeur, interprète, réalisateur, il fait son rock bien assuré, belles guitares, belles rythmiques, textes appropriés à sa musique, comme un sans faute… En plus, sa bouille et son aisance ne peuvent que nous faire craquer ! Un caractère comme on aimerait en croiser plus souvent.
A 8 ans, tu as eu ta première guitare. Comment est-elle arrivée là ?
On venait de déménager et une école de musique s’ouvrait dans mon patelin. Ma mère m’a demandé si j’aimerais faire de la musique. J’ai dit «pourquoi pas ?» J’ai pensé que ça allait être facile. J’ai donc fait 4 ans de classique et… ce n’était pas facile !
Donc première guitare a 8 ans, une école d’ingénieur du son à 20 ans, que s’est-il passé durant ces années ?
Je ne me suis pas rendu compte immédiatement que la musique n’allait plus me lâcher. J’ai découvert Metallica et Nirvana à 12 ans. J’ai voulu acheter une guitare électrique comme un ado qui veut faire du rock. C’est normal. J’ai monté des groupes avec des potes. On faisait dans le metal, heavy-metal, puis plus progressif.
Tu ne composais pas encore ?
Si, j’ai composé dès le début. Enfin, composé… C’était trois accords qui se suivaient, mais ça a toujours été présent. Et plus j’avançais, plus je me disais que j’adorerais faire des concerts. Mais je me retenais parce que j’avais une éducation qui me disait de faire des études dans l’idée de la sécurité. Je me suis voilé la face, mais arrivé en fac, je me suis demandé ce que je faisais là. Je suis parti à Paris pour faire l’école d’ingé son. C’était un prétexte pour y arriver. C’est grâce à ça que j’ai pu faire mes maquettes chez moi. Ça m’a permis de faire ce que je voulais comme je le voulais. J’ai toujours été un fan de matériel, de guitares, etc. J’ai installé des logiciels dans l’ordinateur de mon père, que j’ai fait planter d’ailleurs ! Je me suis intéressé à la technique de production.
Tu crées beaucoup ?
Je peux avoir un nouveau titre tous les jours pendant un temps, puis deux mois sans rien faire. Je ne sais pas pourquoi, il doit y avoir des facteurs extérieurs qui interviennent. Je commence toujours par la musique ; je suis plus compositeur qu’auteur.
Puis ce premier disque, co-réalisé avec Dominique Blanc-Francard. Ce n’est pas n’importe qui.
Oui, c’était une volonté de ma part. DBF était le mentor de l’école d’ingé son. J’ai écouté tout ce qu’il a fait. Tout ce que j’entendais par ailleurs en France était fade, lisse. C’est mon point de vue. Je voulais quelqu’un qui avait travaillé avec des américains, des français, qui avait fait des trucs énormes.
La maison de disques a dit oui direct ?
Oui. En fait, j’avais fait des maquettes déjà très avancées, ils n’ont rien changé. Mais il m’ont dit «c’est toi qui va réaliser l’album». J’ai accepté d’intervenir, mais je voulais quelqu’un pour m’apporter quelque chose parce que je n’ai que 22 ans, je débarque. J’ai demandé le mec qui a réalisé Muse (Paul Reeve). Ils m’ont dit «t’es gentil, mais là, c’est pas possible». On m’a dit DBF, ce à quoi j’ai répondu qu’en France, il n’y avait que lui qui en serait capable. Je l’ai rencontré et on a tout de suite été sur la même longueur d’ondes. C’était parfait !
Quelles musiques t’influencent ?
Muse, Incubus, Deftones, Linkin Park, et des choses plus électro comme Aphex Twin, Emilie Simon que j’adore. Je n’ai pas cité un seul groupe de rock français, désolé… Nirvana aussi, j’ai gardé un peu ces choses avec lesquelles j’ai grandi et que je ne renie pas, comme Metallica dont je suis toujours un grand fan !
Pourrais-tu écrire pour d’autres artistes ?
Je pourrais écrire avec d’autres personnes, mais pas pour. Il faut que ça parte d’un sentiment, d’une envie commune. Si je ne connais pas la personne, si je ne sais pas à quoi elle pense, c’est abstrait, je ne ferai rien de bien. Mais j’aimerais beaucoup travailler avec des artistes différents.
Tu mènes ton bonhomme de chemin avec un sacré caractère ! J’ai cru comprendre que tu surveillais de près ton attachée de presse ?
Ah oui ! J’ai un objectif et je m’y tiens. Je me suis encore «engueulé» tout à l’heure avec mon chef de projet parce que je n’ai pas toujours la même vision. Oui, je suis en major, mais j’aimerais les avantages des majors sans les inconvénients ! Pour l’instant, ça se passe bien, peut-être qu’un jour, ça n’ira plus. Je sais ce que je veux et je pense «savoir» comment l’avoir. C’est ultra prétentieux de dire ça, mais tant pis. Il faut se donner les moyens d’y arriver.
Je te souhaite un grand succès
Merci, je me le souhaite aussi, tant qu’à faire !!!
Propos recueillis par Maritta Calvez en février 2005 (magazine CMusicView n°3)