Musicien, auteur, compositeur, interprète, producteur, arrangeur, réalisateur... Passionné de technique musicale, Rick Allison a monté ses propres studios au fur et à mesure que sa carrière montait, elle aussi. Un studio d'enregistrement à Montréal, deux studios d'écriture, l'un à Montréal, l'autre à Bruxelles, et un studio d'écriture qui ne le quitte jamais, son studio mobile, quand il commence à parler matos, rien ne peut l'arrêter !
Et en effet, à peine assise en face de lui, je n'ai pas le temps de lui poser la première question, le voilà parti...
« J'avoue que mon cheminement est assez complet. J'ai passé beaucoup de temps à compléter chaque étape de l'écriture d'une chanson. D'une guitare au départ, je me suis vite rendu compte qu'il me manquerait l'aspect plus polyphonique du piano. Une guitare est quand même limitée à six notes, d'une façon comme d'une autre, alors que la résonance d'un piano est plus large. Mais ce n'est qu'à 25 ans que j'ai commencé le piano.
Puis, par extension, les claviers, par extension, l'arrangement des chansons et par extension, j'ai eu l'envie de les enregistrer avec une idée précise et acheter un équipement qui permette de travailler efficacement dans le développement de la chanson. J'ai ensuite pris la responsabilité d'en enregistrer pour mon propre compte avec des artistes, et après ça, est venue l'envie de monter une boîte de publishing qui va défendre les intérêts de ces chansons auprès des maisons de disque, pour finalement, monter un studio d'enregistrement pour pouvoir être le plus autonome possible. Et voilà ! Il y a environ 2 ans que je suis arrivé à compléter ce « cycle » : à 15 ans, je prends une guitare, à 25 ans, le piano, puis à 35 ans... ben... j'ai fait le tour !
J'ai compris qu'un studio ne sert pas uniquement à faire aboutir un projet d'album, mais se doit d'être également au service de la créativité, simplement pour l'écriture : développer des mélanges de sons, développer des textures de sons, expérimenter des sonorités avec des micros et du matériel spécifique. Au travers de mes différentes expériences dans d'autres studios à Paris, Londres, New-York, Los Angeles, etc., au contact d'autres gens, ça m'a donné énormément d'éléments pour faire mes choix afin de construire une structure qui est la mienne. Il fallait que les artistes avec qui nous travaillons ne se sentent pas lésés sur la qualité et que le matériel qui pourrait nous manquer puisse être loué facilement. Le décalage entre mon studio et le Hit Factory à New-York, par exemple, n'est pas énorme dans la mesure où ils n'utilisent pas tout ce qu'ils ont.
Quand on sait que le travail que l'on a à faire va être long, mais que la maison de disque estime que 3 ou 4 jours suffisent à l'enregistrement d'un titre, se retrouver devant une grosse SSL 9000 ne sert à rien. J'ai arrêté une fois pour toute de faire des prises de voix dans les studios qui en sont équipés. Il est des studios bien plus petits et qui sont tout aussi intéressants au niveau de la chaleur. Notre structure ne devient pas soudain inopérante parce que trop lourde. Ma question a été : qu'avons-nous besoin d'avoir à disposition pour un travail bien précis ?
Nous avons gardé l'a priori de rester dans le domaine digital et de rester dans le Pro Tools du début jusqu'à la fin, parce que nous gérons beaucoup de projets en même temps, tous différents. Il y a les projets d'écriture, les artistes en développement, un single qui sort la semaine suivante et la mise place d'albums tirés à 300 000 exemplaires comme ceux de Lara Fabian. C'est tellement vaste qu'on est obligé de passer d'un projet à l'autre en faisant un simple recall. ça marche très bien comme ça parce que c'est très flexible. »
Ça ne vous interpelle pas, vous, son studio mobile ? Parce que nous, à la rédaction, nous voulions en savoir plus. Confort de travail exemplaire, les limites de la liberté repoussées toujours plus loin, qualité acquise, Rick Allison va faire quelques envieux parmi vous !
« L'année dernière, j'étais à environ 70 kilomètres de Manchester pendant deux semaines. Alors que les gens avec qui je travaillais partaient rejoindre leur famille vers 19 heures, je me retrouvais seul toute la soirée dans ma chambre d'hôtel. J'avais bien emmené une guitare, mais ça ne me suffisait pas. J'ai appelé mon collaborateur, Christian, et lui ai dit « J'ai des nuits entières de disponibilité, mais sans matériel, je ne peux rien faire. J'ai un G4, il y a forcément un moyen de trouver quelque chose d'assez souple qui me permette de travailler, avec peu de choses. Essaye de penser à ça. Quand je rentrerai à Montréal, j'aimerais bien repartir avec un kit de course ». C'est comme ça qu'on l'appelle entre nous ! Et je rajoute « Mais il faut que ça tienne dans une valise, que je puisse monter dans un avion avec ! »
Il m'a donc proposé cette formule qu'il a bâti avec une Mark of the Unicorn 828 FireWire, un Roland XV-5050 et un Trinity pour le MIDI. Comme la 828 FireWire rentre dans le G4, ça prend 2 ports USB pour le MIDI. On rentre un micro dans la 828, ça sert de pré-ampli, et avec Logic Audio, j'ai tous les plug-ins dont je peux avoir besoin pour faire de l'audio. J'avais donc du MIDI qu'on peut enregistrer puisqu'il suffit de bouncer si j'ai besoin de récupérer quelques canaux MIDI.
Et il y a eu l'avènement de l'EXS24. Bravo, merci beaucoup ! Je les bénis d'avoir fait ça ! J'ai donc rentré toute ma collection de sons, j'ai acheté un G4 avec un disque dur de 20 Go de mémoire !
Je suis reparti la seconde fois à Manchester avec mon kit de course, comprenant un clavier USB qui utilise l'alimentation de l'ordinateur. N'ayant besoin de rien d'autre, j'ai pu programmer tout l'album de Chimène Badi dans cette chambre !
Sur la route, je travaille avec un micro AKG C535EB. Il est très étonnant. A la base, c'est un micro de proximité. J'enregistre pas mal d'audio avec. La seule chose à laquelle il faut faire attention, si l'on veut des caractères très précis, c'est qu'il encombre très vite le CPU de l'ordinateur. Comme on n'a pas de carte externe, le CPU monte très vite. Pourquoi ? Trois ou quatre sampleurs, trois ou quatre track-audio, et le CPU est en haut car l'ordinateur ne peut plus calculer toutes les données... Ce qui est réglé avec Logic 6 puisque, maintenant, il y a une fonction qui s'appelle Freeze ! Elle me permet de récupérer de l'espace dans le CPU avec les sampleurs.
Une fois que j'ai tout fini, je garde une copie, je bounce en stéréo dans la même fenêtre audio que je garde en témoin. Je vire tout le MIDI, tous les sampleurs, je mute, donc le CPU ne voit plus rien, ma track stéréo à part, et je commence mes voix, ou les guitares acoustiques ou électriques... J'ai un pad également. J'y mets toute la production, je re-bounce mes track stéréo avec le restant de mes track audio, je fais un petit fichier AIFF : j'ai enregistré mon premier CD avec le G4 !
Le lendemain, je l'ai fait écouter à l'artiste concerné. Sa réaction a été « C'est génial ! Mais, tu as travaillé dans quel studio ? » Je suis épaté de la qualité du son. C'est incroyable !
Il ne me quittera plus. Je peux faire quasiment le même travail que si j'étais à mon studio de Montréal, et il tient en trois racks ! »
Hardware ou software ? Dans quel monde vit Rick Allison ? Les deux, mon Capitaine ! Ce qu'il en pense...
« Tout ça est très complémentaire. Quand j'ai eu une assez grosse structure, j'ai réussi à avoir ce que je voulais, ce qui est le rêve de tous les musiciens, finalement. Tant mieux pour moi, le succès de certaines chansons m'ont permis de m'offrir tout ça. Mais je me suis vite rendu compte que je passais énormément de temps entre les ordinateurs, le matos' Je n'avais plus la même simplicité d'approche dans mon travail. Il y avait un aspect très « organique » dans la façon de faire coïncider assez peu de choses ensemble, mais qu'elles fonctionnent. Ce n'était pas un choix, mais simplement un manque de moyen au départ.
Donc j'ai bâti un autre studio avec beaucoup moins de matériels. Au lieu d'une dizaine de modules, il n'y en avait plus que trois : un S6000, un P300 et un clavier de contrôle, point barre. J'ai volontairement fait le dernier album de Lara dans le petit studio.
Je n'utilise pas nécessairement moins les synthétiseurs. Actuellement, je les prévois avec moins de matériels au départ. Après avoir mis en place le bon piano, la bonne basse, une fois que la chanson se tient bien, du kit de course, on repart au studio qui a, effectivement, beaucoup plus d'éléments et l'on se dit « Je trouve que l'idée fonctionne, maintenant, je vais enrichir le son ». La chanson est donc déjà composée, voire arrangée, c'est alors que je peux me casser la tête pendant deux heures pour obtenir LE bon son de basse, par exemple, mais je sais que le titre est fait.
C'est aussi une question de contexte. Je préfère avoir moins de moyens au départ pour trouver les structures des chansons, mais c'est vrai qu'avec tout ce qu'on nous propose aujourd'hui, je me suis un peu piégé moi-même. Maintenant, avec le kit, c'est pire ! Je peux utiliser les 16 canaux MIDI du Trinity, les 16 canaux MIDI du 5050, dix sampleurs en stéréo si j'en ai envie, je peux mettre des plug-ins, des compresseurs, des EQ, des réverbes, tout ça en VST... Et tout ça ne pèse rien, ça ne prend pas de place, un G4, c'est tout petit, ça se plit, ça se met comme ça, pif ! C'est impressionnant !
J'utilise exactement la même structure pour le live. On enregistre tout dans Pro Tools, on crée des fichiers et on les réinstalle dans Logic Audio, parce que Christian travaille sur Pro Tools. Moi, je préfère Logic, c'est ma petite pièce à moi, j'aime son environnement. Je peux aller au Parc Monceau et monter mes voix, ou travailler sur un bateau, ce que j'ai fait d'ailleurs ! »
Un Mac, sinon rien ! Aux amateurs de PC, je conseillerais de passer directement au paragraphe suivant !
« Je pense que tous les programmes sont bons, tant Logic, que Cubase ou Digital Performer. Il suffit simplement d'en choisir un et de bien le connaître. Pour ma part, Logic m'a tout de suite bien convenu. J'adore son système de pagination, son environnement, il ne plante jamais. C'est un très bel instrument de travail. Et maintenant que tout ça fonctionne avec Apple, on est les rois du monde !
Quand on a acheté le GigaSampleur, la première chose qui m'a « gonflé » a été de rentrer un PC dans le studio. Quand on l'a vu arriver avec Christian, on en était malade, mais bon' comme le Giga ne tourne que sur PC, on s'est dit « Allez, on y va » Et ça plantait tout le temps, les systèmes, la configuration, l'environnement, le graphisme, c'était laid. Non, je n'aime pas ça du tout !
Néanmoins, je me sers du GigaSampler pour des sons qui ont besoin de plus d'informations, comme les cordes, il y a des supers guitares nylon, il y a également de très beaux sons de piano. On fait du bon travail avec.
En revanche, je ne sais plus exactement combien j'en ai, mais je dois avoir 9 ordinateurs quand même ! Je suis passé par toutes les générations : les G3, les G4. En ce moment, on est en train de monter un petit kit qui servira à faire tourner les séquences sur scène, il possèdera toutes les programmations de chacune des versions des chansons. On en prévoit selon chaque type de promo que l'on aura à faire. Toutes les versions sont rangées dans des bibliothèques, enregistrées sur un CD que l'on remet à la maison de disque : version avec ou sans piano, version avec plus ou moins de backing vocal, versions avec différents mixes.
L'expérience m'a démontré qu'on a dû quasiment retourner sur tout, tout le temps. Ils finissent toujours par dire « Vous n'en auriez pas une avec un fade plus court, parce qu'en télévision, le réalisateur ne sait pas comment finir ? » On y passe beaucoup de temps, mais c'est vrai qu'on aime ça ! Et maintenant, on a tellement de choses fantastiques pour travailler, le matériel est si fabuleux, qu'on n'a plus d'excuses. On a droit à l'erreur, bien sûr, mais on n'a plus le droit de se plaindre. »
Et l'inspiration dans tout ça ? Eh oui, cette éternelle question qui restera sans réponse. Il est des artistes qui s'obligent à travailler chaque jour, d'autres qui peuvent écrire sur un coin de table, bref, à chacun ses petites manies. Et Rick, c'est quoi son secret ?
« La création se passe en toute innocence. Je ne me force pas à y penser, je n'ai pas de méthode. Je suis quelqu'un de très appliqué, quand j'ai commencé, je suis très rangé. Quand je commence une chanson, je la termine. J'essaye de ne pas quitter la table de travail tant que je ne suis pas satisfait. Je me laisse aller. Là, par exemple, je n'ai pas composé depuis trois semaines, mais je ne me pose pas la question, je ne culpabilise pas non plus. J'imagine que ça doit être simplement une étape naturelle de se ressourcer, de s'intéresser à d'autres choses. Et puis, soudainement : tiens, en discutant avec toi, je viens de me rappeler que mon kit est ici, à l'hôtel, et j'y suis depuis hier ! Dans un autre moment, il serait déjà branché.
Généralement, quand je trouve quelque chose, c'est instinctif, que ce soit un riff dans une mélodie, un thème, le sujet d'une chanson' Je tâche de laisser aller cette impulsion, j'essaye de ne pas la contrôler, ni la maîtriser. Il m'arrive de travailler longtemps sur un titre. Mettons que ça commence par un couplet qui me plaît beaucoup dans l'approche de la mélodie, je sens déjà ce que les mots pourront dire. Puis je passe au refrain, mais je ne l'aime pas trop, j'en fais un deuxième qui ne me plaît pas beaucoup non plus' Bon, je commence à m'énerver, mais je me dis que ce n'est pas grave. Je vais alors commencer sur les arrangements du couplet. Je pense que j'ai peut-être besoin de quelque chose pour me ramener vers le refrain. Mais je ne suis sûr de rien. Je travaille, je construis, et puis quoi ?
Je ne me pose pas cette question de l'inspiration. Je cohabite avec moi-même. Cette semaine, le titre que j'ai fait pour Chimène Badi (Entre Nous) est N° 1 des ventes de single et son album explose, c'est génial, tant mieux ! Et l'on me dit « C'est bien, mais alors, cette chanson, elle t'est venue comment ? » Je crois que la meilleure réponse que je peux leur donner est que le jour où je l'ai composée, j'étais très reposé. J'ai dû bien dormir les 2 ou 3 jours précédents, peut-être que ma femme me manquait, je ne sais pas moi. Ce ne sont que des paramètres comme ceux-là. On ne voit pas le coup arriver : au moment du riff, je savais que j'étais bon et que j'étais génial ! Non. Si j'avais sorti la même chanson avec une autre artiste, ça n'aurait peut-être rien fait. Si j'avais sorti cette même chanson trois mois avant ou trois mois après, là encore, ça n'aurait probablement rien fait. »
Un artiste, une dimension. Rick Allison travaille, non seulement pour lui, mais aussi pour des artistes très différents, tels que Lara Fabian, bien sûr, Johnny Hallyday, Florent Pagny, Patrick Bruel... Chacun ayant une sensibilité qui lui est propre, comment cela se passe-t-il ?
« Je ne suis pas du genre « usine à chansons ». Quand j'ai envie de travailler pour un artiste, je lui propose un premier titre. Ce qui est important pour moi, c'est de vivre avec l'idée que cet interprète arrive dans la dimension d'une chanson avec une certaine exactitude. Je préfère lui proposer une chose qui lui plaise, que trois sur lesquelles il doute. Il m'est arrivé d'avoir créé un titre qui me plaisait vraiment beaucoup parce que je le trouvais abouti, par exemple. Mais je me demande toujours comment je vais pouvoir faire une autre chanson. Quand je regarde le clavier ou quand j'écoute le titre, j'ai l'impression que ça pourrait encore être différent !
Pour Johnny, ça s'est fait autrement. Un jour, il me tape sur l'épaule et dit « C'est vachement bien le titre que Lara a enregistré. Et puis, toutes ces chansons que j'entends à la radio, je les trouve très bien foutues ! » Là, je me dis « Est-ce qu'il me demande de faire un truc pour lui, ou est-ce qu'il me dit simplement que c'est vachement bien ? » On a dîné ensemble et un ami que l'on a en commun propose que je vois le spectacle de Johnny en Province. Je me suis donc rendu à Carcassonne. C'est là que je lui ai suggéré d'écrire quelque chose, il a été d'accord.
J'avais envie de lui faire un truc très particulier au niveau de l'ambiance. J'ai tenté, dans mon écriture, de ramener le Johnny de « Que je t'aime » ou « Derrière l'amour », le Johnny des années 74, 75' Je trouvais ça extraordinaire ! J'ai appelé sa maison de disque pour qu'elle me transmette toute une documentation sur lui, une rétrospective, et son concert au Stade de France que j'ai fait tourner en boucle dans mon studio, sans le son. J'étais en train d'écrire des chansons, et si j'avais besoin de le voir, de le sentir, il était toujours là pour moi, en train de chanter, bouger. J'ai maquetté quelques titres. Je voulais qu'à l'écoute, il s'entende les chanter, qu'il les vive déjà. Il les a prises directement !
En les enregistrant, il m'a demandé de passer pour s'assurer que ce soit exactement dans l'esprit de la chanson ! On s'est vu après et il m'a hyper touché, il m'a dit des choses très gentilles « Merci d'avoir passé tant de temps sur ces chansons, de t'y être appliqué. Je l'ai entendu, je l'ai senti tout de suite. » Voilà ! Je pense qu'il a compris que j'avais envie de faire un vrai détour dans sa vie d'artiste, et depuis, tous les soirs, il part en tournée et fait un petit détour dans la mienne' Ce sont de belles histoires. »
Et son histoire à lui, quelle est-elle ? Tout le monde connaît son parcours depuis sa rencontre avec Lara Fabian. Mais si je ne m'abuse, ils se sont rencontrés en 1990 et Rick est né en 1964. En sachant qu'il a commencé la guitare à 15 ans, que s'est-il passé entre 1979 et 1990 ?
« Lorsque j'étais adolescent et que j'ai pris ma première guitare, j'ai commencé à composer assez rapidement des choses assez simples. Autour de moi, j'avais des amis de la même école qui étaient batteur, bassiste. J'ai donc eu mon premier groupe à 16 ans. Avec Philippe Rémy, le batteur qui était un type très ambitieux, nous voulions avoir notre studio d'enregistrement tout de suite.
Nous avons donc organisé des soirées dansantes pour gagner de l'argent. Nous avons ainsi pu acheter notre première table de mixage qui, à l'époque, était une Soudcraft, 24 pistes 8 x 2, des compresseurs, des réverbes ! Nous avons monté notre studio chez lui, dans sa cave. Nous sommes restés ensemble pendant 2 ans. Les uns sont partis à l'université, les autres ont fait autre chose, moi j'ai continué à avoir des contacts avec des gens de studio. J'ai donc fait des trucs à droite, à gauche, des arrangements, des guitares' Et je travaillais sur un Atari 1040.
J'ai passé beaucoup de temps, environ 3, 4 ans, dans un studio à Bruxelles. Je travaillais pour pas grand-chose, mais en échange, le propriétaire me laissait le studio E la nuit. Il m'a donné un chouette coup de main !
Jusqu'au jour où l'on m'a proposé de remplacer Pierre Cherez, le guitariste de la tournée de Jacques Higelin. En effet, la troupe répétait à Bruxelles et leur première date avait lieu également à Bruxelles. J'ai appris leur spectacle en une nuit, le lendemain, j'ai fait les balances, et la répétition générale avant le show. ça s'est très bien passé, je suis resté avec eux deux ans et demi ! Je me suis acheté ma première voiture, j'ai mis du matériel dans le coffre et des guitares, et je suis parti en tournée !
Après tout ce temps passé sur la route, j'ai préféré rentrer à Bruxelles faire un peu de studio. ça me manquait trop. Durant cette période, j'ai très peu composé. J'aurais pu, mais je courais derrière les filles, je sortais avec les copains. J'avais 21 ans !
J'ai donc repris le chemin du studio en 1989, 1990. Ils avaient reçu une SSL, j'étais tout énervé ! ça me plaisait beaucoup toute cette histoire ! Le soir, je travaillais dans un piano-bar. En effet, je trouvais que je faisais toujours un peu la même chose à la guitare. J'ai donc appris les rudiments du piano pour obtenir ce job. Je faisais du Phil Collins, Elton John, Billy Joël, toute la pop UK. Effectivement, quand on interprète ces chansons et que les gens trouvent ça fabuleux, tu as envie de faire ça dans la vie !
C'est là que j'ai rencontré Lara. Je continuais à vivre ma vie entre les séances de studio pas très bien payées, et le piano-bar. Les deux réunis, ça allait bien. »
La suite de cette rencontre et du parcours de Rick, je vous invite à les lire sur son site qui va bientôt voir le jour www.rickallison.com. Vous y trouverez également des anecdotes relatant ses nombreuses rencontres au cours de sa vie d'artiste.
Si Steve Lukather n'existait pas... Mais veuillez me pardonner ce plaisir personnel, je ne peux m'empêcher de vous faire part d'une histoire que Rick a bien voulu me raconter.
« En 1987, Steve Lukather jouait à Bruxelles avec Toto au Palais des Beaux-Arts. A l'époque, j'avais fait une maquette de 4 titres sur un 4 pistes, sur laquelle je chantais, mais surtout, jouais de la guitare, beaucoup de guitares. Pendant leur répétition, j'ai passé la sécurité du Palais et me suis installé dans la salle. L'organisateur a essayé de me virer, mais est arrivé Jeff Porcaro qui a dit « Attendez ! Vous n'allez pas le mettre dehors, on va lui donner un autographe tout à l'heure. Il est là, il ne dérange personne ! ».
Leur répet terminée, il est venu me voir et m'a demandé si j'avais aimé. Imagine un peu ! Mais encore :
« Tu joues d'un instrument ? En général, les fans de Toto sont musiciens !
- Ouais, je joue de la guitare.
- Ben attends, tu dois absolument rencontrer Steve ! C'est important. »
J'étais bouleversé, Jeff Porcaro était tellement gentil. Voilà ce que j'ai dit à Steve :
« Je viens de voir le spectacle, j'adore ce que tu fais, bien sûr. Mais j'ai apporté une cassette. Je voudrais te faire écouter un titre. Je sais que c'est prétentieux de te demander ça, tu n'as sûrement pas le temps,
- Mais non, pourquoi je n'aurais pas le temps ? Tu viens pour me faire écouter un truc, je vais écouter ce que tu fais ! »
Le walkman sur les oreilles, il a fermé les yeux et écouté. La chanson finie, il m'a dit :
« Tu sais, c'est vachement bien ! Ton jeu de guitare me rappelle un peu Steve Hackett dont je suis fan. Sincèrement, c'est bien, courage, vas-y !
- Oui, courage, mais c'est pas facile dans ce métier'
- Oui, je sais, mais accroche-toi, il n'y a pas de raison !
- Je vais être honnête avec toi, tu sais ce qui m'aiderait ? C'est une petite photo avec toi qui tiendrait ma cassette, et que tu me permettes de citer une chose que tu dirais, ce que tu veux. »
On a fait la photo (je l'ai encore !), il a dit « If I'm not in town, called that guy ! » [Si je ne suis pas en ville, appelez-le !]
Je mets ça dans mon book, je l'envoie partout. Premier appel que je reçois : une tournée qui dure deux ans et demi et qui change toute ma vie !
Lorsque je suis allé à Los Angeles, j'ai appelé Sony Music, sa maison de disque de l'époque, et ai demandé à travailler avec Steve Lukather. Quand il est arrivé au studio, il a eu un choc. Il a dit « Mais, je te connais toi ? » Je lui ai sorti la photo en lui disant « Tu as changé ma vie, je te remercie ! »
Le remerciement de Rick
« Donc voilà, un mec, une photo, un geste. Alors, je crois que j'aie, ne fusse que ce petit devoir de faire une révérence, de rendre un petit hommage et de dire « Merci ». Parce que chacun de ces artistes change la vie, et leur vie se trouve un petit peu changée au contact d'autres artistes. »
Propos recueillis le 23 avril 2003 pour Musicrun par Maritta Calvez
HITHOUSE STUDIO RYDER
Studio A (Montréal)
- Apple PowerMac G4 dual 1Ghz
- Digidesign pro tools HD3 (1x HD core, 4x HD process)
- Digidesign 192 i/o (2x)
- Digidesign pro control master section (8 faders)
- Digidesign pro control fader pack (8 faders)
- tc electronic system 6000
- True system precision 8 mic preamps
- Avalon 2022 mic preamps
- Avalon 2055 stereo eq
- Summit dcl-200 stereo compressor
- Empirical labs distressors (2x)
- Lydkraft tube tech cl-1b mono compressor
- tc electronic finalizer plus
- tc electronic M-3000
- tc electronic 2290 digital delay
- SPL eq-magix
- Akai DR16
- Alesis Adat XT
- Denon DN C630 CD Player
- Tascam DA-30 mk2 DAT(2)
- Dynaudio BM15a
- Dynaudio BM6a
- Yamaha NS-10 pro
- Neumann M-149
- AKG Solid Tube
- Emagic Audio Platinum 6
Réalisations (entre autres) :
• Lara Fabian : Nue - Live 2002 (Stéréo et 5.1 pour DVD) - PBS spécial From Lara with love
• Chimène Badi : Entre nous, Pour l'amour qu'il nous reste, Répondez-moi
• Natasha St-Pier : L'amour emporte tout
Studio B (Studio d'écriture - Montréal)
- Apple PowerMac G4 dual 1,25 GHz
- Digidesign Pro Tools mix+ (1x mix core, 2x mix farms)
- Digidesign 1622 interface (2x)
- Roland XV-5080
- Roland JV-2080
- Roland JD-990
- Korg Triton Rack
- Korg TR-Rack
- Korg Trinity Plus
- Korg 01/W fd
- Ensoniq MR Rack
- Kurzweil Micro Piano
- Kawai MP-9000
- Avalon VT-737 SP
- Line 6 Pod Pro
- Yamaha 03d
- Alesis Masterlink
- Tascam Gigasampler (avec Pentium 4 IBM)
- Opcode Studio 5 lx
- Midiman 4x4 MIDI interface
- Mark of the Unicorn 2408
- Apple Cinema Display
- Event 20/20 bas
- Neumann U87 Gold
- Pro Tools 5.1.3
- Emagic Audio Platinum 6
Studio C (Studio d'écriture - Bruxelles)
- Apple PowerMac G4 450 MHz
- Digidesign Pro Mools mix + (1x mix core, 2x mix farms)
- Digidesign Adat Bridge i/o
- Korg Triton Rack
- Korg TR-Rack
- Roland JV-2080
-Yamaha P300
- Avalon VT-737 SP
- Line 6 Pod Pro
- Yamaha 03d
- Mark of the Unicorn MIDI Time Piece Express XT
- Apple 17" flat display
- Event 20/20 bas
- Pro Tools 5.1.3
- Emagic Audio Platinum 6
Studio mobile personel (Studio d'écriture)
- Apple PowerBook G4 500 MHz Titanium
- Mark of the Unicorn 828 Firewire interface
- Roland XV-5050
- Korg TR-rack
- Midiman USB Keystation 49
- Emagic MT4 MIDI interface
- Emagic Audio Platinum 6