Rien ne sert de travailler sur les Rolls du MIDI et du numérique si c'est pour négliger les autres maillons de la chaine: enceintes, casques, amplificateurs…, mais surtout microphones. A ce propos, la récente sortie de la série TG-X de Beyerdynamic nous donne l'occasion de faire le point sur un type de micros, qui pour une fois, n'a rien à voir avec l'informatique...
Je parie qu'une majorité d'entre vous s'adonne plus spontanément aux plaisirs du déchiffrage d'une charte d'implémentation, qu'à celui d'une fiche technique pleine à craquer de décibels, de hertz, et autres données chères au signal audio. Et pourtant, un jour ou l'autre (si ce n'est déjà fait), il vous faudra investir dans un quelconque transducteur acoustique/électrique, plus communément appelé microphone. Qu'il s'agisse d'enregistrer ou de sonoriser vos cordes vocales, quelque instrument barbare dit acoustique comme on en rencontre encore parfois, ou même d'échantillonner les bruits suspects de la nature, c'est un objet indispensable à 99,99 % des musiciens. Alors, avant de vous rendre compte des performances de la série TG-X, en route pour un bref récapitulatif des principales caractéristiques des microphones.
Sous pression
Le rôle d'un microphone est de traduire les variations de pression d'une onde acoustique en un signal électrique de forme équivalente (un convertisseur destiné à transformer un signal véhiculé par une énergie X en un signal équivalent véhiculé par une énergie Y, emprunte le terme générique de transducteur). Pour ce faire, deux transformations s'opèrent successivement : la première convertit les variations de pression acoustiques captées par la membrane (oscillations) en un mouvement mécanique identique, lui-même converti en une énergie électrique de forme analogue. Après préamplification, ce signal électrique est routé vers la chaîne de traitement audio (console de mixage, etc.).
Les grandes familles
Sans entrer dans les détails, le principe selon lequel est construit la membrane (transducteur de pression, de gradient de pression, mixte...), ainsi que son emplacement à l'intérieur du micro, influent sur la directivité. Un micro qui capte les sons avec une égale intensité quel que soit leur angle d'arrivée est dit « omnidirectionnel ». C'est l'idéal pour enregistrer une ambiance, et tout à fait inapproprié pour interviewer quelqu'un au milieu d une foule en délire. A l'inverse, pour sélectionner géographiquement une zone d'enregistrement, tapez dans la famille des cardioïdes (directivité en forme de cœur), hypercardioïdes (plus resserrés), ou bidirectionnels (deux cardioïdes diamétralement opposés).
Parmi les divers types de transducteurs, les deux les plus fréquemment employés sont les dynamiques et les électro-statiques (à capacité ou à condensateur). On rencontre d'autres catégories moins répandues comme celles des microphones à ruban, à électret, ou piezo-électrique. On préférera en général les micros dynamiques sur scène ou en extérieur, de par leur aptitude à encaisser les hauts-niveaux, les chocs, et parce qu'ils ne nécessitent pas d'alimentation externe. Les micros à condensateur, plus fragiles et plus fins (moins d'inertie de membrane), trouveront surtout leur place en studio.
Outre les types de directivité et les transducteurs employés, n'oubliez pas de jeter un oeil au rapport entre le niveau du signal en sortie et la pression de l'onde sonore (rapport signal / bruit), à celui de pression maximum admissible sans distorsion, à la courbe de réponse en fréquence, etc. Mais si les caractéristiques d'un micro le prédestinent à tel ou tel usage, son choix est également fonction de sa propre coloration, en dehors de toute règle établie.
DYNAMIQUE OU ELECTRO-STATIQUE |
Le transducteur dynamique fonctionne grâce aux propriétés de l'électro-aimant, selon le procédé inverse à celui du haut-parleur dont voici l'explication. Très schématiquement, en enroulant autour d'une barre de métal un fil appelé solénoïde dans lequel passe un courant, on créera un champ magnétique. Un objet métallique placé à l'intérieur de ce champ sera attiré ou repoussé, en fonction du sens du courant. C'est le principe même du haut-parleur, dont la mémoire oscille de manière analogue aux mouvements du courant. Ce procédé est réversible, car tout comme le courant se transforme en mouvement, un mouvement se transformera en courant. C'est le cas du micro dynamique. Substituons à cet objet métallique une barre aimantée solidaire de la membrane du microphone. Toute variation de pression captée par la membrane infligera un mouvement à la barre aimantée, provoquant ainsi une variation de champ magnétique. Celle-ci fera naître dans le solénoïde un courant dit " courant induit "• de forme analogue aux mouvements de la membrane (eux-mêmes analogues aux variations de pression de l'onde sonore). Les micros dynamiques, comme ceux de la série TG-X, fonctionnent d'après une amélioration de ce principe de base. Je vous le déconseille fortement, mais en branchant la sortie d'un amplificateur à l'entrée d'un micro dynamique, on transformera ce dernier en haut-parleur, selon le phénomène expliqué ci-dessus. Dans les microphones à condensateur (ou électro-statiques), la membrane est solidaire de l'une des deux plaques d'un condensateur dont la capacité varie en fonction de la distance entre ces plaques. La conversion de cette variation de capacité en un signal électrique nécessite une préamplification de ce signal à l'intérieur même du micro, et donc une alimentation externe (alimentation Phantom), qui servira par la même occasion à polariser le condensateur. |
L'heure de vérité
Un court tableau comparatif vaut mieux qu'un long discours. Nous avons donc décidé de tester les performances de la série TG-X, en les comparant à titre indicatif à l'une des références en la matière : le Shure SM 58 (voir ci-contre). A l'usage, la différence de directivité entre le SM58 et les 180 et 280 n'est pas flagrante. Par contre, les 480 et 580 sont nettement plus directifs. Les tests de niveaux révèlent d'excellentes caractéristiques en sortie, notamment avec les 480 et 580. A gain égal et en les approchant des enceintes, on constate cependant que les micros Beyerdynamic accrochent un peu plus vite que le SM58 (larsen).
Un autre point à considérer est la réponse aux transitoires (période d'un son plus délicat à restituer fidèlement, à cause des brusques variations de pression qu'elle engendre). C'est pourquoi la série TG-X utilise une membrane légère et particulièrement sensible (Hostaphan), ainsi qu'un aimant fabriqué en terres rares. D'autre part, la bande passante s'élargit progressivement au fur et à mesure que l'on monte dans la gamme. Et pour 22 € de plus, vous emportez l'interrupteur.
En conclusion, on peut dire de la série TGX Beyerdynamic qu'elle allie la puissance des niveaux de sortie à une bonne réponse aux transitoires. Destinés aussi bien à la voix qu'aux instruments, ces micros répondront parfaitement aux exigences de la scène, tout comme à celles des studios. Une série qui ne faillit pas à la réputation de la marque. PS : un grand merci à la société Futur Acoustic où les tests ont été effectués par Faouzi Kechad en collaboration avec Pierre Jacquot, notre spécialiste ès-audio.
SM8 | TG-X 180 | TG-X 280 | TG-X 480 | TG-X 580 | |
Poids | 298 g | 163 g | 163 g | 227 g | 227 g |
Type | directionnel | directionnel | directionnel | directionnel | directionnel |
Directivité | cardio | hyper | hyper | hyper | hyper |
Bande passante (Hz) |
50 - 15 000 | 40 - 16 000 | 30 - 16 000 | 40 - 18 000 | 30 - 18 000 |
Niveau de sortie |
+ 17 dB | - 7 dB | - 7 dB | - 3 dB | - 3 dB |
Interrupteur | TG-X 180 S | TG-X 280 S | TG-X 480 S | TG-X 580 S | |
Anti-choc | isolation élastique interne anti-vibrations | isolation élastique interne anti-vibrations | isolation élastique interne anti-vibrations | isolation élastique interne anti-vibrations | isolation élastique interne anti-vibrations |
Prix TTC | 195 € 220 € (S) |
230 € 260 (S) |
270 € 290 € (S) |
320 € 340 € (S) |
Test réalisé par Christian Braut en juin 1990 (Keyboards Magazine n°34)