Tout comme les A-110 et A-88O, le A-220 Roland se présente sous la forme d'un rack d'une unité spécialisé dans la gestion du MIDI. La tâche qui lui incombe consiste à séparer les messages en fonction de leurs canaux et de leurs numéros de notes.
Le A-220 comporte deux prises MIDI In : l'une en face avant, l'autre en face arrière. Il ne s'agit que d'une simple commodité, puisque seule l'une d'entre elles est active, sa sélection s'effectuant à l'aide d'un commutateur. Les messages réceptionnés sont alors dirigés vers les sorties A et B selon divers critères de séparation, chacune de ces sorties étant matérialisée par deux prises MIDI Out fonctionnellement identiques (minimisant de ce fait les liaisons en cascade). Par ailleurs, une prise MIDI Thru duplique les données entrantes de manière à faciliter l'insertion du A-220 à l'intérieur d'un réseau.
Par numéro de canal
Le premier des critères de séparation opère sur l'ensemble des messages canaux, c'est-à-dire sur les sept statuts suivants : note off, note on, polyphonie aftertouch, control change, program change, channel aftertouch et pitch-bend.
Pour chacun des seize canaux MIDI, il est prévu de pouvoir filtrer les messages (de ne pas les retransmettre), de les répercuter vers la sortie A, vers la sortie B, ou vers les sorties A et B. En intercalant le A-220 entre la sortie d'un séquenceur et l'entrée de deux générateurs de sons multitimbraux X et Y réglés sur les mêmes canaux en réception (1 à 8), l'un raccordé à la sortie A, l'autre à la sortie B, nous déciderons par exemple de diriger certains messages vers l'expandeur X (canaux 1 à 4), et d'autres vers l'expandeur Y (canaux 5 à 8). Une facilité affranchissant l'utilisateur des contraintes d'assignation de canaux aux différents sons d'instruments multitimbraux.
Par numéro de note
Toujours pour chaque canal, le second critère (upper/lower) sépare les trois catégories de messages incluant un numéro de note (note-on, note-off, aftertouch polyphonique) par rapport à un point de split programmable. Quelle ineffable joie que d'observer un clavier non splitable diriger les notes supérieures ou égales à C3 vers la sortie A, et les autres vers la sortie B !
Enfin, grâce au troisième et dernier critère de séparation (individual), et ce uniquement sur deux canaux au choix, le A-220 est capable d'affecter tel ou tel message des trois catégories précédentes à telle ou telle sortie (A, B, A+B, off), d'après son numéro de note.
Imaginons qu'une partie de batterie sollicite deux boites à rythmes, la première (X, raccordée à la sortie A) pour le pied de grosse caisse et la caisse claire (respectivement assignés en CI et F2), et la seconde (Y, raccordée à la sortie B) pour les autres éléments assignés de F1 à C6). Il conviendra dans ce cas de régler ces deux B.A.R sur le même canal, pour retransmettre les messages de notes de numéros égaux à C1 et E1 vers la sortie A, et les autres vers la sortie B.
Des effets de spatialisation originaux pourront être obtenus en affectant les notes paires à la sortie A, les notes impaires à la sortie B, chacune de ces sorties étant acheminée vers deux générateurs de son aux timbres identiques, panoramiqués l'un à gauche et l'autre à droite.
Un savant mélange
Si les séparations upper/lower ou individuelles, lorsqu'elles sont opérationnelles sont prioritaires sur la séparation par canal étudiée lors du premier paragraphe, cette dernière continue de traiter les quatre autres messages canaux (control change, program change, channel aftertouch, pitch bend).
Rien n'empêche donc par exemple de créer un split basse/ piano, à l'intérieur duquel le pitch-bend n'agira que sur la basse. Quant aux messages real time, common et exclusive, ceux-ci traversent le A-220 comme si de rien n'était. Dernier point, la possibilité de visualiser l'un des sept statuts des messages canaux retransmis à chacune des deux sorties, ceci par l'intermédiaire de 32 leds (une par canal et par sortie).
Le seul reproche que l'on puisse faire au A-220 est de ne posséder qu'une mémoire unique, malgré le fait qu'elle soit transférable via MIDI system exclusive. Bref, à condition d'avoir suffisamment arpenté le littoral, sandalettes aux pieds et glacière en bandoulière, pour économiser 350 € TTC (prix généralement constaté au 1/9/91), l'univers palpitant de la séparation MIDI est à votre portée...
Test réalisé par Christian Braut en octobre 1991 (Keyboards Magazine n°48)