Les DooD

A découvrir ! Pour les amateurs de musique qui groove, de cuivres rutilants, de mots qui swinguent, les DooD nous transmettent la passion du funk. Comment vit un groupe de huit musiciens s'offrant le luxe d'un manager et de leur propre ingé-son, sans maison de disques ? La débrouille pourrait être créditée sur leur prochain album ! En attendant, ils sortent un live de huit titres :  Les DooD – En Concert .

Sont présents au début de l'interview Nikosan, ingénieur du son et Nico, compositeur, clavier.

Présentez-nous les membres du groupe et leurs rôles respectifs...

Nikosan : Doudou est le maître chanteur qui fait bouger les gens sur scène ainsi que l'auteur de tous les textes, Christophe à la guitare et aux chœurs, Nico aux claviers et aux chœurs également, Jean-Bapt à la batterie, James à la basse. A la section cuivres, Lorenz à la trompette, Sébastien au sax ténor et Laurent au sax alto. Stéphane, lui, est notre manager, régisseur général, régisseur lumière… et moi-même au son !

Qui compose ?
Nico : ça varie. Nous bossons généralement en binôme. Ce peut être le guitariste ou moi-même, mais aussi Nikosan. Nous composons une première mouture, puis le morceau se construit avec le chanteur. Au début, nous avons fait l'essai à plusieurs, mais ça partait dans tous les sens. On s'en tient donc à deux personnes : une qui compose la trame musicale, les orchestrations, et le chanteur écrit les textes, et éventuellement la mélodie.

Doudou écrit-il les textes d'après la musique, ou est-ce l'inverse ?
Nico : Doudou a pas mal de textes en réserve sur son petit cahier ! Il les retravaille après pour les adapter aux compositions.
Nikosan : On ne s'en tient pas à une méthode. Parfois, Doudou arrive avec un texte, parfois c'est la trame de musique qui arrive en premier…

On a tendance à penser que la langue française n'est pas facile à poser sur ce style musical.
Nikosan : Franchement, nous n'avons pas trop de recul par rapport à ça. Pour nous, ça sonne ! Je sais que Doudou passe des nuits entières à faire tourner les mots. C'est difficile quelquefois, mais il a des textes vraiment bien !

On sonne à la porte : Doudou arrive ! Nico lui relate ce qui a été dit…
Doudou : Oui, ce n'est pas évident. Souvent, lorsque je ramène un texte ou une idée de texte que j'essaye de placer sur une musique, ils entendent des mots qui ne collent pas, qui frottent. Nous essayons alors de trouver autre chose. Par exemple, sur un refrain, je voulais impérativement chanter ' I'm kifing to you '. C'était un petit cousin qui me l'avait sorti et je trouvais que ça le faisait ! Nico ne supportait pas, on l'a changé et c'est devenu ' Je vous dirais '… Beaucoup plus soft ! On cherche tant que tout le monde n'est pas plus ou moins satisfait.

Comment tout a commencé, comment vous êtes-vous rencontrés ?
Doudou : Il y a bientôt dix ans, j'étais dans un lieu à Paris où jouaient des musiciens. Je connaissais le pianiste, on m'a poussé vers lui. A l'époque, je jouais dans des caves avec mes potes, c'était pas du tout pro. Je voulais que la musique soit ma vie, mais je n'avais pas encore rencontré les bonnes personnes. Donc ce soir-là, nous avons fait un bœuf de cinq minutes… Le saxophoniste jouait pour un groupe qui s'appelait Mister Paris. Il m'a demandé de revenir le lendemain parce qu'il cherchait un nouveau chanteur. Christophe, le guitariste, était là aussi. Après leur balance, je me suis présenté à eux et nous avons refait un bœuf. Je suis rentré dedans direct, genre à la James tu vois… C'est ce qui m'a toujours influencé, le gros groove pur funk ! Ils ont alors voulu me faire écouter ce qu'ils faisaient sur une cassette en me disant que si je désirais m'investir dans le groupe, ils étaient tous d'accord.

J'ai écouté quinze secondes et j'ai dit ' OK, c'est bon ! ' En fait, ce qui m'avait touché, c'était leur technique. En jouant avec mes potes, on fumait beaucoup trop pour comprendre ce qu'était une gamme, et là, j'arrive, c'était cash ! C'était déjà très pro, donc aucun doute, j'ai décidé de m'investir !

J'ai commencé par réécrire les textes parce qu'ils étaient en anglais et je voulais chanter en français. Nous avons tourné comme ça pendant un an. Puis nous avons réalisé une maquette et cherché des endroits où nous produire. Un jour, la copine de Christophe entend à la radio ' Tremplin NRJ… les fringues Complices… Tous les musiciens qui veulent nous envoyer… ' On s'est dit que ça ne mangerait pas de pain ! On a su par les gens d'NRJ qu'ils avaient reçu 800 démos ! Dans le lot, il y avait KDD, Les Cochons dans l'Espace ! Bref, ils ont sélectionné dix groupes, dont le nôtre. Les auditeurs pouvaient voter par téléphone.

Si Mister Paris a reçu 10 000 appels, j'ai dû en donner 8 000 ! Nous sommes arrivés en tête avec KDD, mais eux avaient déjà signé dans une maison de disques, nous avons donc remporté le concours ! Le prix était l'enregistrement d'un single au Palais des Congrès, tiré en 5 000 exemplaires plus une douzaine de dates en France. On était super content ! Mais en fait de tournée, on s'est retrouvé dans les magasins qui vendaient les fringues Complices, ils vantaient la marque tout en criant dans le micro ' Voilà le nouveau groupe, nouveau talent… ! ' etc. C'était un vrai délire !

Mais c'était rigolo parce que c'était la première fois qu'on partait vraiment tous ensemble. ça nous a soudé. C'est à cette période que nous nous sommes appelés les DooD. Le groupe Mad in Paris était en bonne posture, nous ne pouvions pas nous appeler Mister Paris ! On avait espéré un coup de fouet après ce tremplin, mais rien ne s'est produit, que des promesses de gens émerveillés, rien de concret…

On a continué à bosser. Au début, notre musique était beaucoup plus funk rock, on se rapprochait plus d'FFF. Au fur et à mesure, on est devenu plus groove, moins barré. Nous avons démarché de plus en plus d'endroits, comme le Réservoir. Le Réservoir est un lieu qui nous a vraiment mis en valeur pendant quatre ans. Il a fait beaucoup pour nous et nous a amené la plus grande partie de notre public d'aujourd'hui.

Nikosan : C'est là que nous nous sommes rencontrés, il y a cinq ans, puisque je travaillais au Réservoir. La première fois que je les ai vus, je me suis pris la tête avec Doudou !

Doudou : Ouais, direct ! J'aimais pas les petits chauves !

Nikosan : J'étais pas chauve à ce moment-là !

Doudou : Ah non, c'est vrai, t'avais des petites boucles ! Ah ! ! !

Nikosan : Bref, on s'était pris la tête, mais à la fin de leur concert, ça allait mieux ! Donc on s'est vu fréquemment parce qu'ils passaient régulièrement au Réservoir. Ce qu'ils faisaient me branchait vraiment. J'adorais les mecs, les musiciens, leur musique… Je leur ai demandé si ça les intéresserait qu'on bosse ensemble. Ils étaient d'accord, mais à l'époque, les clubs où ils jouaient ne nécessitaient pas réellement d'ingénieur du son. Toujours est-il qu'on a entretenu une relation.

Doudou : En fait, dès qu'on pouvait le placer avec nous sur tel ou tel plan, on le faisait. C'est quand on a fait le Zénith en janvier 2002 qu'on s'est dit qu'il était vraiment bon !

Nikosan : Oui, mais bien avant le Zénith, on est parti en tournée et en vacances ensemble… En fait, comme on travaillait chez moi, de temps en temps j'osais lever le doigt pour proposer des choses. Un jour, je leur ai fait écouter une mélodie. Doudou avait un texte, Christophe est arrivé avec d'autres accords pour le refrain, et voilà… petit à petit, nous avons enregistré trois ou quatre titres de ma composition…

Doudou reprend l'histoire des DooD…
Doudou : Et il y a eu ces deux fameuses premières parties de Macéo Parker à l'Elysée Montmartre en 1999 ! La chose dont on est le plus fier c'est d'avoir eu les musiciens de Macéo devant nous pendant toute notre 1ère partie ! C'était très touchant ! Le premier soir, Sieur Macéo nous a rappelé sur la scène pour nous présenter au public ! ' DooD, D-O-O-D, Dood ! ! ! ' C'était ambiance ' Mister James Brown ! ' Alors j'ai pris le micro, les sept autres m'ont suivi, ils ont mis les light… bababa… ! A un moment, il a dit ' Bon, ça suffit les gars ! ' Quand il y a quelque chose qui ne tourne pas sur scène, Macéo a une espèce de regard… le mec en face est pétrifié. Donc il m'a regardé comme ça, j'ai fait ' Bon, les gars, on s'arrache ! ' C'était l'épisode Macéo !

Son éditeur nous a remarqué, c'était Cream Records. Incroyable ! Nous avons signé sur le même label que Macéo Parker, Victor Bailey… ! Ils nous ont fait enregistrer notre premier album ' A la base, le Groove et la Soul ' au Palais des Congrès. A suivi une tournée d'une soixantaine de dates en France étalée sur un an. Dans l'intervalle, après l'enregistrement de l'album et avant le début de la tournée, il y a eu un changement de musicien.

Nico nous raconte à son tour son arrivée dans le groupe.
Nico : Vous savez quoi les gars ? ça fait exactement trois ans que je suis passé au Réservoir pour chercher les bandes et commencer à bosser les titres pour monter sur scène avec vous une semaine après !

En fait, je connais Stéphane depuis très longtemps. Avec mon groupe de l'époque, je jouais pas mal dans les alentours de Marne la Vallée, Chelles. Stéphane travaillant à Chelles, quand il a su que les DooD cherchait un clavier, il m'a contacté. Je n'étais pas très pris à l'époque, malgré le groupe. ça m'a énormément branché. Et voilà ! James est arrivé un ou deux mois après. Nous sommes donc partis en tournée pendant un an.

Qui organise vos tournées ?
Nikosan : C'est nous ! N'ayant eu aucune aide de la maison de disques, nous avons passé les coups de téléphone nécessaires et, petit à petit, la tournée s'est montée. Dans l'ensemble, ça s'est toujours bien passé dans tous les lieux de concert. Il a fallu nous ' imposer ' parce que le funk n'est pas très développé en France.Il y a trois ans, le groupe Cox jouait partout et dans les mêmes endroits que nous. Mais eux avaient un tourneur ! Ils devaient certainement remplir les salles plus que nous, mais avec leur maison de disques, ils bénéficiaient d'un clip, d'une promo… Et en général, les gens de province ont une culture pop rock, plus qu'une culture funk, c'est une musique qui leur parle.

Doudou : En se baladant comme ça un peu partout, on s'est rendu compte que ce qui fait se déplacer les jeunes, c'est le reggae. Peut-être parce que c'est facilement accessible à tout musicien débutant.

Le rock dit ' français ' a également eu beaucoup de mal à s'imposer, est-ce finalement le même problème avec le funk ?
Nikosan : Oui, il y a certainement un a priori. Il faut reconnaître que même nous parfois, quand on écoute certains groupes de funk français, on a du mal…

Doudou : On a du mal parce que, en fait, on a l'impression que tous les groupes se ressemblent, ils utilisent la même rythmique, le même phrasé… C'est toujours pareil… Je ne sais pas si nous y sommes arrivés, mais ce que nous avons tenté de faire, c'est de se détacher de tout ça en allant piocher dans des groupes comme Sly, Macéo Parker ou Tower of Power. Et puis, j'avoue que pour moi, le terme ' funk français ' est péjoratif. Il y a une moins-value qui est due au fait que ce n'est jamais aussi bon, aussi vrai, aussi nouveau que ce qui se passe ailleurs. J'ai l'impression qu'en France, les mecs se suffisent de peu.

Nico : C'est une question de style. La musique funk n'a pas une identité française. Des groupes comme Paris-Combo ou Les Yeux Noirs jouent dans le monde entier toute l'année et pas sur de petites scènes…

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Est-ce parce que les maisons de disques ne se donnent pas la peine de faire du développement autour de cette musique ?
Doudou : A mon sens, notre album est trop propre, trop bien ' réalisé '. On a tellement voulu qu'il soit nickel, qu'on ne sent plus cette sueur qui s'appelle funk. Evidemment, les mecs jouent, ça tourne, mais on est entre deux chaises.

Nikosan : C'est-à-dire qu'il n'est pas assez live pour être vraiment funk comme il l'est sur scène, et pas assez produit pour être un album de studio tel qu'on l'entend.

Doudou : C'est ce que nous avons tiré comme conclusion, mais en réalité, je crois sincèrement qu'avec un peu plus de développement, trois ou quatre chansons auraient pu sortir, marquer les gens. Notre problème, c'est que nous avons signé sur un label qui travaille le jazz, or le jazz ne se travaille pas de la même façon. La promo se fait presque d'elle-même. Je suis fan de Macéo, quand son album sort, à un moment ou un autre, je le saurai et j'irai l'acheter. Il y aura quelques critiques dans des magazines spécialisés et basta. L'album se vendra à 50 000 exemplaires sans problème, ce qui n'a pas été notre cas !

Aujourd'hui, quand on va dans les majors avec cet album pour leur exposer notre prochain projet, les mecs nous disent ' Mais je ne comprends pas pourquoi ça n'a pas marché ! ' Quand tu entends ça, t'as envie de leur répondre ' Espèce de c… ' Il n'y a que ce mot qui peut te venir à la bouche… Il est vrai que les Directeurs Artistiques ont tellement de pression, on leur en demande beaucoup.

Nikosan : A la fin de la dernière tournée, nous avons pris la décision de nous orienter vers quelque chose de plus produit. A l'heure actuelle, nous avons 14 ou 15 titres au stade de maquette que nous proposons à différentes majors.

Doudou : Après les rendez-vous, souvent ils viennent nous écouter en concert. Ils en ressortent ravis mais nous disent toujours la même chose ' Vous faites du funk. On ne sait pas comment le développer '.

Nikosan : C'est pour ça qu'on sort un album live. Ils pourront se faire une idée sur nous tout de suite, c'est pour ça qu'on continue à composer, qu'on continue à démarcher. On ne veut pas laisser tomber.

Doudou et Nico : Il n'en est pas question !

Doudou : Il me semble qu'on a suffisamment de talent pour pouvoir y parvenir. Il faut qu'on arrive à se faire écouter un peu à droite et à gauche. On arrivera à se faire une place comme ça ! Le truc, c'est que les majors imaginent qu'on veut absolument développer le concept funk. Mais nous sommes beaucoup plus ouverts que ça sur différents styles musicaux. Il y a plein de choses qui nous font kifer, comme le R'n'B par exemple. Nos dernières compos sont plus inspirées par ce qui se passe aujourd'hui que par cette vieille école qui est ' A la base, le Groove et la Soul '. On attend le mec qui se lancera vraiment, qui osera travailler avec nous.

Est-ce que ce sont toutes ces galères qui ont pu décourager certains membres du groupe ?
Doudou : C'est pas impossible. Pour notre part, nous avons la certitude que notre musique sortira un jour ou l'autre, l'autoroute est longue, mais nous trouverons la sortie, c'est clair et net. Parmi les cuivres de l'ancienne équipe, il y en a un qui travaillait avec Alpha Blondy, un autre qui composait et arrangeait pour Claude Nougaro… Ils avaient tellement d'expériences enrichissantes en parallèle qu'ils ont effectivement délaissé l'investissement qu'ils avaient engagé pour le groupe. Ils ont décidé d'arrêter parce qu'ils considéraient qu'il n'y avait pas ' d'avenir ' pour Dood… Chacun fait sa vie…

ça ne vous a pas découragé, les uns ou les autres, de les voir partir ?
Doudou : Ce qui m'a fait mal, c'est le côté humain. Tu vis avec des gens, tu fêtes tous les anniversaires, on se met tous ensemble pour offrir le plus beau cadeau, on part en vacances et un jour, c'est fini. Ce qui est blessant, c'est que ça entraîne toujours des malentendus et des quiproquos. J'étais sûrement très naïf, mais je ne pensais pas que ça pourrait nous arriver, je pensais vraiment que tout le monde était sur la même longueur d'onde.

Nikosan : Finalement, nous avons relativement bien géré ces départs, nous avons rapidement tourné la page et envisagé le groupe d'une autre façon. A un moment, on s'est même dit qu'on pourrait éventuellement se passer de la section cuivre.

Doudou : Il nous arrive de jouer à cinq. Peut-être que sur le premier album, on les a trop mis en avant. DooD a commencé et existé sans eux. Sur scène, ça nous laisse plus de liberté, la structure est beaucoup moins rigide.

Nikosan : Toujours est-il que finalement, nous avons retrouvé une section cuivre qui nous a scotchés ! On est très content. Ils ont bossé comme des malades sur tout le répertoire. Ils se sont réellement investis.

Doudou : Concernant le batteur, ça a été pareil, nous avons autant galéré avant de trouver Jean-Bapt.

Nikosan : Il a très peu d'éléments sur sa batterie, mais il a un son qui booste tout le monde. Il ne joue pas deux fois la même chose, son plaisir est de se réinventer à chaque concert. C'est un bonheur total pour tout le monde !

Doudou : Et puis ça rafraîchit d'avoir de nouveaux musiciens, plus jeunes. Ils ont d'autres références.

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Vous enregistrez où et comment ?
Nikosan : Le live a été enregistré à La Scène à Paris avec un 24 pistes. Nous avons sélectionné huit titres.

Doudou : Huit titres, parce qu'au départ, nous voulions nous en servir uniquement pour démarcher de nouveaux endroits en province. Pour cela, nous avions besoin d'actualité. Enregistrer un live était le moyen le moins coûteux.

Nikosan : Finalement, nous sommes très satisfaits du résultat, donc nous allons trouver une petite distribution et le commercialiser. On en est très fier, il dégage une très grande énergie. Concernant les nouvelles compositions, on enregistre ici, chez moi, on a enregistré chez Guillaume, l'ancien trompettiste, et à Chelles, aux Cuizines.

Doudou : Nous avons utilisé pas mal de samples et de sons électroniques en plus de l'acoustique.

Nikosan : Nous travaillons sur Pro Tools et Cubase. Mais il faut reconnaître que nous ne sommes pas des mordus de la technique. Tant que ça marche et que nous sommes à l'aise… Ce mode de travail posait pas mal de problèmes à certains membres du groupe au départ. Mais nous avons trouvé notre son. C'est ce qui fait qu'on arrivera à une finalité, une signature. Nous avons toujours eu cet esprit de débrouille ! Pour l'enregistrement studio, nous allons peut-être prendre une direction différente. Ce sera le choix de la production qui voudra bien travailler avec nous ! Nous ne sommes fermés à aucune proposition.

Doudou : On ne prétend pas être les meilleurs. Bien souvent, les productions te font travailler avec des réalisateurs qui font que, justement, tu as un projet cohérent.

C'est quoi exactement les Cuizines ?
Nikosan : Il y a des studios de répétitions, d'enregistrement et de mixage numérique et une vraie salle de concert, avec régie façade, régie retour… Stéphane, notre manager, en est le régisseur technique. La mairie de Chelles et la personne qui est en charge de ce lieu nous accueillent régulièrement et plus ou moins gracieusement. C'est un peu notre QG qui nous permet de nous concentrer uniquement sur notre boulot.

Doudou : Nous avons monté une association qui, au départ, nous servait à présenter des factures officielles. Nous pouvions ainsi nous vendre plus facilement. Puis Stéphane nous a dit que nous pourrions essayer d'aider d'autres groupes de styles différents. Maintenant, on y trouve des groupes de rock, de pop, de raï. Astikotprod a une crédibilité aujourd'hui.

Quel statut avez-vous ?
Nikosan : Nous sommes intermittents du spectacle. On arrive à faire suffisamment de concerts pour avoir ce statut, mais nous n'en faisons pas assez pour en vivre sans cette aide quotidienne.

Quel rapport entretenez-vous avec Internet ?
Nikosan : C'est un support auquel nous croyons énormément. Le site lesdood.net existe depuis plus d'un an. Début décembre, en même temps que la sortie du live, vous verrez la deuxième mouture du site ! C'est un support libre, contrairement à la télé, la presse papier. Tu peux y mettre ou retirer ce que tu veux, quand tu veux. Je crois que notre site reflète bien l'esprit du groupe, c'est-à-dire une famille. Et bien sûr, nous y vendons l'album ! L'interactivité est formidable. On peut écouter des extraits de nos morceaux sur sinclair-fr-.com et www.fonkadelica.com.

Doudou : Le Net est un bon moyen pour montrer qu'on existe. Les gens peuvent nous découvrir et nous écouter à l'aide de liens, ou même tout à fait par hasard. Il ne faut pas le négliger !

Et toi Nico, tu t'en sers pour chercher de nouveaux claviers par exemple ?
Nico : Euh… L'ennui, c'est que je ne suis pas équipé ! Mais oui, je vais regarder de temps en temps ce qui se fait au niveau de la vente d'instruments, sans être vraiment au courant des bons plans.

Tu vas acheter directement en magasin ?
Nico : Pas trop ! J'aimerais y aller plus souvent. En fait, j'y vais pour regarder et essayer éventuellement ! C'est vrai que je ne me renouvelle pas trop pour une question financière et peut-être de priorité aussi, parce que je pourrais très bien m'arranger pour économiser et acheter du matos, mais je ne le fais pas. ça fait environ 4 ou 5 ans que j'ai le même matériel.

C'est-à-dire ?
Nico : J'ai deux claviers sur scène : un vieux Rhodes qui me sert de base principale et au-dessus, un synthé pour tout ce qui est sons d'orgue, de percussion… Voilà à quoi se résume mon matériel ! J'ai une pédale wah-wah, des petites pédales d'effets pour agrémenter le Rhodes. C'est assez basique, mais ça fait largement le boulot parce que le synthétiseur englobe pas mal de sons.

Doudou : Ouais, j'aimerais appuyer ce qu'il dit. Il a un son qui lui est propre. Il a tellement travaillé sur ces deux instruments…

Nikosan : C'est le cas pour tous les musiciens du groupe. Ils ne font pas étalage d'instruments, ils connaissent vraiment bien leur matériel et l'utilise au maximum.

As-tu une façon de travailler particulière Nico ?
Doudou : Il faut savoir une chose : il est hyper pointilleux !

Nico : Je suis loin d'avoir les bonnes méthodes de composition parce qu'il faut savoir se concentrer sur ce qu'il faut au bon moment. Il ne faut pas s'éparpiller et garder un minimum de ligne de conduite précise qui permet d'avancer. En général, quand j'apporte un morceau, ce sont des passages, des bouts. L'esprit y est, bien sûr, mais ce n'est jamais abouti. Intervient alors le travail d'équipe.

Doudou : Mais il est capable de se concentrer sur le son d'un charley, ou autre, pendant 3 heures !

C'est ce qu'on appelle le perfectionnisme…
Nico : Ouais, mais bon… L'ennui, c'est qu'après j'ai la tête comme ça. Je n'aurai plus assez de recul pour aller de l'avant. Je lutte contre, mais c'est difficile.

Doudou : On essaye d'écourter ses longs moments de travail, mais parfois il revient sur tel ou tel détail. C'est un perfectionniste, point final. Maintenant, c'est vrai que ça doit être chiant de vivre ça au quotidien !

Nico : L'autre jour, j'ai travaillé avec Christophe pour caler un solo de guitare inversé. Il est parti vers 21 heures, j'ai arrêté à minuit… C'était un truc de malade, juste pour 8 ou 16 mesures… pour un truc qui finalement aurait besoin d'être rafraîchi…

Doudou : Et il y a Christophe qui lui est tout le contraire. Il va droit à l'essentiel, direct. Il arrive à visualiser l'ensemble et à le concrétiser rapidement. Tandis que Nico est obligé de tout faire en profondeur. Il pourrait se limiter à 50 % de son travail, ça tournerait presque autant… On l'écoute énormément, on s'en tient à son jugement. On a tous réussi à trouver notre place.

Qui veut donner le mot de la fin ?
Nico : Euh… Un petit truc qui n'engage que moi, mais… Sans vouloir faire de la démago, j'ai joué dans pas mal de groupes, mais ce qui m'a frappé chez les DooD et que j'apprécie toujours, c'est l'ambiance et l'esprit dans lequel tout le monde évolue. Les discussions sont ouvertes, les prises de tête sont quasi inexistantes. Il y en a de temps en temps, mais c'est normal. Il est des moments où il faut remettre des choses en question. Tout le monde compose avec tout le monde. On arrive à évoluer ensemble. Il y a une flamme qui subsiste et qui fait que le groupe avance. Il y a une place pour chaque individu au sein du groupe.

Pour les avoir interviewés, pour les avoir écoutés sur scène, je confirme le bon esprit funky des DooD. Je vous invite à les voir absolument en concert.

ropos recueillis en 2002 par Maritta Calvez pour Musicrun.